Quelle conception les humains se font-ils de leur avenir? Étrange question.
En effet, depuis qu’ils existent sur notre planète, il y a quelques milliers d’années – l’homme actuel (l’homo sapiens) serait apparu il y a environ 200 000 ans – les humains ne cessent de prospérer et de développer des moyens d’existence de plus en plus perfectionnés. Les progrès qu’ils réalisent ne leur garantissent-ils pas un avenir assuré?
Le problème
«Un malaise persistant traverse la culture de notre époque. Si certains font preuve d’un enthousiasme apparemment illimité devant l’accroissement de notre puissance technique et la promesse de plaisirs toujours plus nombreux, d’autres, en revanche montrent un effroi grandissant devant les désastres suscités par notre volonté de maîtrise et les infortunes qui jalonnent la quête d’authenticité des modernes.»
C’est en ces termes que s’ouvre un livre impressionnant qui aborde donc cette question, peut-être fondamentale: notre monde, trop technologique, trop abreuvé d’information, trop dévoué à l’économique, devient-il démesuré pour les humains, dépasserait-il La mesure de l’Homme? C’est le titre de cet ouvrage de Daniel Jacques (Boréal, 2012, 720 p.).
L’étude
Le problème ainsi soulevé par Daniel Jacques n’est pas tout à fait nouveau. Ian Pearson, Chris Winter et Peter Cochrane l’ont déjà considéré en 1995, dans un article intitulé The Future Evolution of Man, dans lequel ils voient surgit en face de l’Homo sapiens, l’Homo sapiens Ludditus (qui s’oppose aux machines), l’Homo Cyberneticus, l’Homo Hybridus et l’Homo Machinus.