Nobel de physique : la première femme en 55 ans

La Canadienne Donna Strickland de l'Université de Waterloo

Donna Strickland, de l'Université de Waterloo, prix Nobel de Physique 2018.
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Publié 04/10/2018 par Agence Science-Presse

Elle ne renversera pas les critiques récurrentes du Nobel à elle seule, mais Donna Strickland a accompli un exploit longtemps attendu: devenir la première femme en 55 ans à décrocher un Nobel de physique, et la troisième en 118 ans.

L’Académie royale des sciences de Suède a décerné cette année la moitié de la récompense à la Canadienne Donna Strickland, de l’Université de Waterloo (Ontario) et au Français Gérard Mourou, de l’École Polytechnique, et l’autre moitié à l’Américain Arthur Ashkin, des Laboratoires Bell (New Jersey).

En vertu des règlements de l’Académie, un Nobel de science — médecine, chimie ou physique — ne peut être remis qu’à un maximum de trois personnes.

Tous trois sont honorés pour leurs travaux sur les lasers et l’impact qu’ils ont eu sur de nouvelles percées en médecine:

– Ashkin pour le développement de «pinces optiques» capables de déplacer des «objets» minuscules, comme des bactéries, sans les endommager.

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– Mourou et Strickland qui, dans les années 1980, était son étudiante au doctorat à l’Université de Rochester (New York), pour «l’amplification par dérive de fréquence» (CPA en anglais), qui permet de créer des impulsions ultracourtes (quelques millionièmes de milliardième de seconde) et de très haute puissance.

La technologie est aujourd’hui couramment utilisée dans la chirurgie de l’oeil.

En apprenant la nouvelle — les gagnants ne sont pas prévenus à l’avance et reçoivent un coup de fil de Suède à l’aube, voire au milieu de la nuit, dépendamment de leur fuseau horaire — Strickland a fait part de sa surprise… qu’il n’y ait pas eu plus de femmes récompensées par ce prix: «Je pensais qu’il y en avait eu plus… Eh bien de toute évidence, nous devons célébrer les femmes en physique, parce que nous sommes là. Et espérons qu’avec le temps, ça commencera à progresser à un rythme plus rapide.»

Les deux autres femmes étaient Maria Goeppert Mayer, en 1963, et Marie Curie, en 1903.

Par ailleurs, au fur et à mesure qu’on découvrait, au cours de la journée de mardi, qui était Donna Strickland, deux informations dérangeantes ont émergé:

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– Elle n’est toujours que «professeure associée» à l’Université de Waterloo. «Je n’ai jamais appliqué pour une permanence», s’est-elle justifiée, obligeant en retour son université à réfléchir à l’étrange situation dans laquelle elle se retrouve aujourd’hui. Peut-être Strickland ne fait-elle pas suffisamment de travail administratif pour obtenir sa permanence, a-t-on ironisé sur Twitter.

– Jusqu’à ce mardi matin, elle n’avait pas de page Wikipédia, au contraire des deux autres lauréats. Selon le magazine Quartz, son nom avait été proposé le printemps dernier, mais rejeté, l’encyclopédie ne la jugeant pas assez « célèbre ».

La carrière de Maria Goeppert-Mayer, comme l’a rappelé Donna Strickland dans certaines de ses entrevues mardi, est un symbole d’à quel point la place des femmes en science partait de très loin: bien qu’arrivée aux États-Unis en 1930 avec un doctorat en physique de l’Université allemande de Göttingen, elle n’avait été embauchée à l’Université Johns-Hopkins que comme assistante de son mari, et à ce titre, n’avait pas été payée jusqu’en 1941.

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