Jacques Rivette adapte le célèbre roman de Balzac, La Duchesse de Langeais. L’adaptation littéraire sur grand écran, prometteuse mais peu évidente, a encore quelquefois du mal à trouver son rythme. Avec Ne touchez pas la hache, le réalisateur s’y essaye pourtant et dépeint le jeu sordide des apparences et des conventions qui censurent l’amour libre et sincère.
Montriveau, héros de guerre bonapartiste, claudique maladroitement dans un décor de salon distingué de l’aristocratie dédaigneuse du XIXe siecle. Sous la caméra bien rôdée de Jacques Rivette, Guillaume Depardieu n’a pas besoin de trop forcer son personnage pour incarner cet homme blessé au milieu d’un monde du paraître et de l’hypocrisie.
Comme un éléphant rustre dans une société de porcelaine.
Encerclé par les apparences et le regard espiègle de la noblesse qui n’en finit pas de se contempler, il tombe pourtant fou amoureux de la Duchesse de Langeais. Mais comme le dira la tante de celle-ci, sous La Restauration, «les manières sont tout».
Son amour spontané se cognera donc aux instincts manipulateurs de la duchesse, ainsi qu’à son respect des conventions et de la religion. Entre les deux s’installe donc un mur de traditions et d’hypocrisie, un jeu de censure et de frustrations.