Ça nous parvient parfois par l’entremise du cinéma (on pense à Diva ou, plus récemment, à Les choristes), parfois grâce au charisme et aux dons de communication d’un artiste. Soudain, on est des tas à (re)découvrir l’opéra ou le chant choral, la viole de gambe de Marin Marais ou le piano de Scott Joplin. En-gouements passagers, certes, mais qui ont le mérite de nous changer du pablum de la pop actuelle.
Grâce à son personnage de diva comique, la soprano québécoise Nathalie Choquette a fait plus que sa part pour initier le vaste public aux plaisirs de l’opéra, n’hésitant pas à en déboulonner les monuments et les archétypes pour nous les rendre plus accessibles.
Avec la trilogie Aeterna, Choquette remise costumes, grimaces et accessoires au profit d’un concentré d’émotion plus conventionnel. Alors que le premier volet explorait le répertoire sacré, Aeterna Romantica (Disques Isba – Distribution BMG-Sony) nous prend fermement par les sentiments, en choisissant ses frissons du côté de Tchaikovsky, Monte-verdi ou même de l’opérette (le célèbre Barcarolle d’Offenbach, ici l’occasion d’un touchant duo avec le haute-contre David Lee).
Quant à ces mélodies qui nous sont familières dans leur incarnation symphonique, Choquette n’a pas hésité à leur prêter sa plume polyglotte. C’est ainsi qu’un thème tiré de la cinquième symphonie de Mahler se transforme ici, le plus naturellement du monde, en un Immenso Amore qu’on imagine volontiers Bocelli reprendre sur son prochain disque.
Nul doute que les puristes, habitués à ce que le plaisir de l’aria se mérite au terme d’un parcours plus ardu, trouveront un brin excessif l’approche «best of» de Aeterna Romantica, mais le grand public sera nul doute ravi de renouer avec cette artiste qui ne cesse de trouver des façons de nous démocratiser le frisson.