MyFrenchFilmFestival: excellente promotion du cinéma français

Mais peu de respect pour la langue française

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 15/01/2020 par Gérard Lévesque

Pour la 10e édition de MyFrenchFilmFestival, qui débute en ligne ce jeudi 16 janvier et se déroule jusqu’au 16 février, 31 films sont réunis à travers 8 thématiques.

«Des récits troubles entre rêve et réalité dans Is This Real?», détaille-t-on. «Des notes d’humour et d’absurde dans le programme Say Cheese!. Ou encore des représentations de conflits armés et géopolitiques d’hier et d’aujourd’hui dans On the frontline

«All about women célèbre les femmes dans toutes leurs diversités, quand Teen Spirit rassemble émois et questionnements d’une jeunesse à la recherche de repères.»

«Alors que Les Misérables de Ladj Ly représente la France dans la course à l’Oscar du meilleur film international, retour sur la représentation des banlieues françaises avec la section Special Screenings

«Pour la première fois, un programme d’animation sans paroles à destination des plus petits nommé My Little Zoo. Et enfin, une sélection d’œuvres innovantes avec New Horizons

Publicité

Moins de 3$ par film

L’événement est une initiative de la société d’État UniFrance, l’organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde.

Lors de l’édition 2019 du festival, 10 millions de films ont été visionnés. Les films sont sous-titrés en dix langues différentes.

Tous les courts métrages sont gratuits, dans le monde entier. Chaque année, le festival est gratuit sur certains territoires. Cette année sont concernés par la gratuité: l’Amérique latine, la Russie, la Pologne, la Roumanie, l’Afrique et l’Inde.

Pour le reste des territoires, la location d’un long-métrage coûte l’équivalent de 1,99 euro et le Pack Festival, pour un accès à tous les films disponibles, coûte seulement l’équivalent de 7,99 euros.

Publicité

Titres unilingues anglais

Dans sa chronique du 11 janvier dernier, diffusée dans le cadre de l’émission de radio Enfin samedi (ICI Radio-Canada Première, tous les samedis de 7h à 11h), Francine Ravel demande au responsable de la diffusion numérique d’Unifrance: «pourquoi tous vos titres sont en anglais?»

Quentin Deleau-Latournerie, Responsable de la distribution numérique, UniFrance
Quentin Deleau-Latournerie

Quentin Deleau-Latournerie répond: «C’est un choix qui est fait et cela va même jusqu’au titre du festival qui est MyFrenchFilmFestival

«On pourrait l’appeler Mon festival de films français, mais c’est un choix de manière à avoir une marque unique dans le monde entier.»

«Nous avons dû le mettre en anglais de manière à ce que le festival soit identifié comme marque à travers le monde entier, jusqu’en Asie du Sud-Est, en Amérique latine, etc. Il a fallu faire un choix.»

Un choix

La justification d’une marque unique au monde, invoquée par Unifrance, signifie-t-elle que les Alliances françaises réparties dans 146 pays devraient s’identifier seulement comme French Alliance? Que les Instituts français devraient être seulement connus comme French Institute?

Publicité

Il est normal qu’une langue emprunte des mots à une autre langue. Comme l’illustre avec humour The French Brexit Song, les locuteurs de langue anglaise ne se gênent pas pour emprunter les expressions joie de vivre, cul-de-sac, à la carte, rendez-vous, à la mode, c’est la vie… Mais, y a-t-il une limite où l’emprunt devient un envahissement?

Beaucoup (trop) d’anglais

En visitant le site d’Unifrance et le site Internet français MyFrenchFilmFestival, il est évident que l’utilisation de l’anglais ne se limite pas au titre du festival et de ses thématiques.

Par exemple, on est invité à s’inscrire à une newsletter, d’écouter la playlist du festival… L’emploi du vocabulaire anglais sur ces sites est-il si fréquent qu’il nuit aux partenaires d’UniFrance, comme TFO, qui ont le mandat de favoriser l’apprentissage de la langue française ?

La France, tout comme le Canada, est membre de l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO). Nos deux pays sont parties à la Convention de 2015 sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles .

Publicité

Imaginez si chez nous…

Au Canada, nous avons deux langues officielles qui ont un statut et des droits et privilèges égaux quant à leur usage, notamment dans les institutions du Parlement et du gouvernement fédéral.

Par exemple, il ne serait pas acceptable que, sur leur site français, des organismes gouvernementaux comme l’Office national du film et Téléfilm Canada utiliseraient, à l’exemple de Unifrance, autant de mots anglais.

Qui en France voit au respect de la langue française?

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur