«Musique à tout va»

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Publié 10/05/2016 par Gabriel Racle

L’année 2016 réserve quelques surprises au chroniqueur d’art musical avec les anniversaires de naissance de deux musiciens se commémorant deux jours successifs, mais avec 250 ans de décalage: Johann Froberger et Erik Satie. Et la diversité du talent musical de ces compositeurs mérite bien que l’on évoque à leur sujet le titre d’une chanson d’Édith Piaf, Musique à tout va.

Johann Froberger

On commémore donc cette année le 400e anniversaire de naissance de ce musicien allemand né à Stuttgart (duché de Wurtemberg) le 18 mai 1616. Son père, Basilius (1575-1637), d’abord ténor à la chapelle ducale à Stuttgart, y était devenu maître de chapelle en 1621, et plusieurs de ses enfants y travaillaient également. Johann a pu bénéficiera d’une formation musicale familiale.

Vers 1634, Johann Froberger se rend à Vienne et on le retrouve en 1637 organiste à la cour de Ferdinand III, empereur des Romains (1578-1657). Il passa plusieurs années à Rome, de 1637 à 1641, pour étudier avec Frescobaldi, compositeur, claveciniste et organiste.

Par après, il voyagea en Europe, séjournant à Dresde, en Allemagne (1649-50), à Bruxelles (1650) et à Paris (1652) où il rencontre Jacques Champion de Chambonnières, compositeur et claveciniste, Louis Couperin, compositeur, Denis Gaultier, luthiste et compositeur. Ensuite il se rend à Londres dans un bateau attaqué par des pirates qui le dévalisent.

En 1653, on le retrouve à Vienne. En 1654 il déplore la mort du fils de l’empereur dans Lamento sopra la dolorosa perdita della Real Mstà de Ferdinando IV, Rè de Roman. Il est renvoyé de la chapelle royale le 30 juin 1657 après la mort de Ferdinand III, son protecteur. Froberger quitte Vienne pour revenir à la cour du duc de Wurtemberg, qui est tué dans un accident de chasse.

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La duchesse se retire dans sa propriété du comté de Montbéliard, au château d’Héricourt, suivie de Froberger son ami et maître de musique. Froberger meurt le 6 ou le 7 mai 1667 d’une crise cardiaque. Il est inhumé avec les plus grands honneurs dans le chœur de l’église de Bavilliers (actuel Territoire de Belfort), recouvert d’une dalle en silex gravée de lettres d’or. (D’après l’auteur français Yves Ruggeri)

Virtuose du clavecin

Froberger est un virtuose du clavecin et un compositeur qui «ne se contenta pas de puiser à la source italienne, butinant allègrement aux quatre coins de l’Europe, entre autres auprès des luthistes français ou des virginalistes anglais».

«Mais dans ses œuvres, toutes ou presque destinées au clavier (clavecin ou orgue), il cumule ces diverses influences sans nécessairement chercher à en tirer une synthèse, de sorte que, chez lui, chaque type de composition relève peu ou prou d’un style défini (italien pour les toccatas, français pour les suites…)». (Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale, Internet)

L’œuvre de Froberger compte, par exemple, 20 toccatas; 14 ricercares; 30 suites; 17 capriccios; 7 fantasias; 2 ricercari; 6 canzonas; le Tombeau sur la mort de Monsieur Blancheroche; la Lamentation faite sur la mort… de Ferdinand III.

«On ne peut qu’être frappé de l’impact sur l’auditeur d’aujourd’hui d’un art si confidentiel et en même temps si chargé d’émotion et de poésie.» (Rusquet)

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Erik Satie

C’est le 150e anniversaire de naissance d’Erik Satie que l’on commémore en 2016, puisque ce compositeur et pianiste français est né à Honfleur, en Normandie, le 17 mai 1866. Son enfance et sa jeunesse se passent entre Honfleur et Paris, entre le rejet de la musique et le Conservatoire de musique de Paris d’où il est renvoyé.

C’est en 1887 qu’il compose quatre Ogives pour piano, s’étant installé à Montmartre et devenu pianiste au cabaret Le Chat Noir, où il rencontre Mallarmé, Verlaine, Claude Debussy. Il compose des pièces pour piano, s’inscrit à la Schola Cantorum de Vincent d’Indy, compositeur et enseignant, où il décroche un diplôme avec la mention Très Bien, belle revanche sur le Conservatoire.

Satie compose de la musique pour piano, sa spécialité, de la musique de scène ou de ballet, des mélodies ou d’autres œuvres. Mais «toute sa vie, Satie s’est inscrit contre le conformisme artistique du moment (romantisme, impressionnisme, wagnérisme), en adhérant par exemple au mouvement du dadaïsme, ou en se tenant à l’écart de la vie mondaine parisienne et en méprisant ouvertement les critiques musicaux de son temps.

Avant-gardiste

Sa renommée de provocateur dépasse parfois le vrai rôle que sa musique, à la fois avant-gardiste et accessible et épurée, a joué au seuil du XXe siècle». (France Musique) Satie tombe malade au début de 1925. Il est hospitalisé à Paris à l’hôpital Saint-Joseph où il décède le 1er juillet 1925.

Parmi toutes ses œuvres, on peut retenir quelques titres: Trois Gymnopédies, pour piano. 1888; Six Gnossiennes, pour piano, 1889; Trois morceaux en forme de poire, pour piano à 4 mains, 1903; Sports et divertissements, 21 pièces pour piano, 1914; Parade, ballet en un acte créé à Paris (poème de Jean Cocteau, mise en scène de Pablo Picasso), 1917; Socrate, considéré comme son chef-d’œuvre, 1918.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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