Multicentenaires et bien vivants!

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Publié 06/09/2016 par Gabriel Racle

Des multicentenaires existent bel et bien et même au Canada, mais il n’est pas si facile de les rencontrer, puisqu’il faut visiter l’Arctique pour, peut-être, en apercevoir.

On l’a compris, il ne s’agit pas d’êtres humains, même si le nombre de centenaires est en hausse. C’est dans le monde animal que ces multicentenaires se trouvent, peu connus et pourtant présents. Ce ne sont pas les ours blancs, appelés parfois en utilisant un anglicisme ours polaires, qui hantent encore nos zones arctiques.

C’est dans les eaux glaciales de l’océan Arctique que se trouve l’un d’entre eux, et dans les glaces polaires que l’on peut à l’occasion trouver l’autre, même s’il existe en bien d’autres lieux.

Le requin du Groenland

Appelé aussi laimargue atlantique, le requin du Groenland est sans doute une des espèces les plus méconnues de l’Arctique. C’est l’un des plus gros requins carnivores de la planète avec le requin blanc, dont les attaques de baigneurs ou de surfeurs font de temps à autre la nouvelle.

Rien de tel avec le requin du Groenland, qui sillonne probablement depuis des millénaires les eaux froides et profondes de l’Océans Arctique et de l’Océan Atlantique Nord.

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C’et aussi l’un des plus gros poissons de ces eaux nordiques avec un poids moyen de 900 kg et une longueur moyenne de 6,5 mètres, mais pouvant atteindre jusqu’à 7,3 m.

Il est difficile de le voir, car il est rarement proche de la surface et il peut s’enfoncer jusqu’à 2 000 mètres de profondeur. Il fait partie des poissons bathybentiques qui peuvent vivre près de la zone de fort dénivelé qui conduit du bord du plateau continental à la plaine abyssale, appelée talus continental, et sur les fonds marins en-dessous de 200 mètres.

On le trouve le plus souvent entre 200 et 400 mètres. Il préfère les eaux entre 2 et 7 °C et toujours inférieures à 12 °C. Les premières photos d’un spécimen vivant ont été prises en Arctique en 1995.

C’est le seul requin qui tolère les températures arctiques à l’année longue, ce qui lui évite d’être pêché pour ses ailerons dont les Chinois raffolent de leur soupe.

On a toutefois observé le requin du Groenland dans l’estuaire de la Saguenay, au Québec, pendant toute l’année et pas seulement en hiver, ce que la profondeur de cette zone (300 m) rend possible et plausible.

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Longévité

Selon une étude effectuée par une équipe internationale de chercheurs, dont le Danois Julius Nielsen, et publiée dans la revue Science du mois d’août 2016, les requins du Groenland sont les vertébrés ayant l’espérance de vie la plus longue.

Ces poissons pourraient vivre en permanence dans les eaux glaciales de l’Arctique durant 400 ans. L’étude est basée sur des analyses au carbone 14 effectuées sur les cristallins de 28 femelles pêchées entre 2010 et 2013 lors de campagnes scientifiques.

«Les requins du Groenland ne grandissent que d’un centimètre environ par an et leur lent développement contribue à leur exceptionnelle longévité. Ils vivent ainsi plus longtemps que les autres champions que sont les tortues des Galápagos ou les baleines du Groenland. Une seule espèce animale au monde est connue pour avoir une longévité plus importante que le requin du Groenland. L’espérance de vie du requin du Groenland n’est battue que par celle de la praire d’Islande, un mollusque qui vivrait jusqu’à 507 ans.»

La tortue des Galápagos a une espérance de vie estimée à 200 ans, comme celle des baleines du Groenland ou baleines boréales.

L’ourson d’eau

Un autre animal à la longévité exceptionnelle porte le nom de tardigrade («marcheur lent») ou ourson d’eau.

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Mais on passe de la taille majuscule à la taille minuscule: cet animal microscopique mesure un peu plus de 1 mm en moyenne et il est le seul animal qui peut survivre dans l’environnement hostile de l’espace.

Il peut également résister à des températures juste au-dessus du zéro absolu et bien au-dessus du point d’ébullition de l’eau. Il est presque impossible de le tuer autrement qu’en l’écrasant.

On ne connait guère sa durée de vie. Les tardigrades peuvent entrer en cryptobiose, un état totalement inactif, avec arrêt presque complet du métabolisme, ce qui lui permet de survivre très longtemps. C’est le cas des espèces enfouies depuis très longtemps dans les couches profondes de glace, au Groenland notamment, et qui «reprennent vie» en faisant fondre la glace qui les entoure à une température douce.

«Vide spatial, températures proches du zéro absolu, rayonnements intenses: les tardigrades résistent à tout! D’où ces petits animaux tirent-ils leurs étonnantes capacités de survie?» – William Miller, Pour la Science.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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