Il a fallu 1 200 pages à Brian Mulroney pour évoquer son enfance dans une famille modeste de Baie-Comeau et son parcours professionnel comme avocat et homme d’affaires, puis pour raconter sa carrière politique à Ottawa, d’abord dans l’opposition, ensuite au pouvoir. Son livre s’intitule tout simplement Mémoires.
Avec un tel flot de mots, le lecteur et la lectrice ne sont pas étonnés d’assister à une véritable volée de faits et gestes, de détails et anecdotes, de vantardises et de récriminations aussi. Je n’ai pas l’intention d’en faire un résumé, ni même d’en donner les points saillants. Je vais plutôt vous dire ce que certains analystes de la scène politique canadienne ont pensé de cette brique.
Selon Vincent Marissal, du quotidien La Presse, les mémoires de Brian Mulroney «auraient très bien pu s’intituler «Les rancunes d’un ancien Premier ministre». Il estime que l’ouvrage aurait pu être l’événement de la rentrée politique, malheureusement, ça s’est transformé en «un festival du règlement de comptes sur fond de grosse opération de marketing».
Le règlement de compte porte évidemment sur la question constitutionnelle, sur le rapatriement que Trudeau a orchestré sans l’accord du Québec et sur l’effort louable mais vain de Mulroney pour corriger la situation.
À cet égard, Michel Vastel estime que Mulroney a été «un Québécois blessé». Voici ce qu’il écrit, dans Le Journal de Québec, en date du 8 septembre: «On peut dire que, le 30 avril 1987, Brian Mulroney avait tenu parole: il avait amené ses dix collègues des provinces à signer un document constitutionnel remplissant les conditions posées par Robert Bourassa pour signer la Constitution d’avril 1982. Ce sont deux Québécois, Pierre Trudeau le 27 mai suivant, et Lucien Bouchard le samedi 19 mai 1990, qui ont torpillé l’opération et ont certainement privé Brian Mulroney d’une place importante dans les livres d’Histoire du Canada.»