Cet automne j’ai lu le premier roman de Frédérick Durand, Au Carrefour des 3 éclipses, publié aux Éditions JCL, à Chicoutimi. Il s’agit d’un certain portrait de la vie à Montréal vers 1895. Je dis bien un certain portrait car la fenêtre s’ouvre sur l’aventure de deux jeunes journalistes qui souhaitent révéler les secrets de Montréal.
Les deux protagonistes sont Francis Chevrier et Pierre Langevin. Francis arrive des environs de Trois-Rivières pour travailler au journal d’un oncle très libéral. Pierre est celui qui va initier le nouveau journaliste à l’art d’écrire pour être lu. Francis connaît la grammaire et l’orthographe, il sait même traduire de l’anglais au français.
Avec Pierre, il va apprendre à «montrer les choses au lecteur et ne pas se contenter de les lui dire». Il va surtout apprendre à poivrer ses articles, c’est-à-dire y mettre «du pittoresque, du croustillant, de l’étonnant». Il va aussi devoir composer avec la condescendance de son partenaire.
Le romancier réussit à évoquer les tensions qui existent entre la presse libérale et conservatrice de l’époque. La première accepte mal que l’Église dicte aux gens leur façon de vivre, et la seconde fustige les «malfaiteurs littéraires à la mode, l’immonde Zola, le cynique Maupassant et la socialiste George Sand».