Mise en lecture des Muses orphelines à l’AFT

Psychodrame familial à l’ombre de la Révolution tranquille

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Publié 28/01/2014 par Sonia Baritello

Ce vendredi, les comédiens du théâtre La Tangente revisitent Les Muses orphelines, pièce à succès de l’auteur québécois Michel Marc Bouchard. Relations familiales, mensonges, trahisons, vengeance… C’est à travers la mise en lecture que La Tangente fait éclater la vérité au grand jour. Rencontre avec Louise Naubert, directrice artistique du théâtre.

Pourquoi interpréter une pièce de Michel Marc Bouchard, en tant que théâtre de création?

«La Tangente présente au public des créations théâtrales contemporaines qui sont les siennes une à deux fois par an. Ce partenariat avec l’Alliance Française nous permet d’interpréter une œuvre du répertoire québécois qui sort de notre mandat habituel. C’est un moyen de rejoindre des publics différents, de travailler des textes que nous ne travaillions pas dans le passé et c’est surtout un moment de partage.»

Pourquoi avoir choisi d’interpréter Les Muses orphelines?

«Les Muses orphelines est un texte important, une grande œuvre du répertoire québécois. C’est l’histoire de trois filles et d’un gars, abandonnés par leur mère très jeunes pour rejoindre son amant. C’est donc le récit d’un mensonge envers la cadette, maintenue dans l’ignorance pendant toutes ces années, qui va décider de faire éclater la vérité au grand jour et de s’affranchir d’une famille qui lui a menti. C’est donc l’histoire d’une famille, mais aussi d’un mensonge, et d’une vengeance. C’est toute l’image d’une société qui s’exprime à travers cette pièce, ce psychodrame.»

Qu’entendez-vous par l’image d’une société?

«Ce qui est beau dans une famille, c’est de pouvoir la quitter. Cette citation est extraite de la pièce et me plaît beaucoup. Pour moi, un parallèle peut être fait avec l’évolution de la société québécoise et l’affirmation de son identité, notamment pendant la Révolution tranquille, période charnière pour le Québec. Mais c’est également une manière d’aborder les relations familiales, les relations fraternelles et la souffrance qui peut s’exprimer à cause du manque d’une mère.  Cette pièce montre qu’on porte en soi l’enfant qu’on a été. C’est une pièce très riche, où la figure de l’antihéros, la personne qu’on attend le moins, surmonte l’épreuve et ressort gagnant.»

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Qu’est ce que la mise en lecture apporte à la pièce?

«La mise en lecture permet de faire découvrir le texte de façon plus souple et légère. C’est au public d’imaginer les lieux, de visualiser l’histoire. C’est une forme de spectacle particulière. Un travail se fait sur le texte, on livre ce dernier comme un récit d’art. Mais attention, ce n’est pas moins vivant, c’est même beaucoup plus intense. Ça sollicite beaucoup l’écoute, l’imaginaire, et surtout l’expérience. La mise en lecture n’est pas dépourvue d’émotions ni de jeu d’acteur, c’est simplement différent. »

Les sujets que vous abordez sont souvent très forts, pourquoi aborder ces thèmes ?

«Ce sont des préoccupations que nous avons tous, des réalités auxquelles nous sommes confrontés. Les spectateurs aiment beaucoup cela, car d’un projet à un autre, d’une pièce à l’autre, ces thèmes s’expriment différemment et créent un effet de surprise.»

Qu’est-ce qui attend les spectateurs vendredi ?

«Quatre comédiens, Mélanie Beauchamp, Geneviève Dufour, Anne-Sophie Quemener et Pierre Simpson interpréterons ce texte sous les yeux du public, dans les locaux de l’Alliance française. Nous attendons environ 75 personnes, francophones et francophiles. Mais je préfère ne rien révéler de plus sur la pièce, pour laisser aux gens le bonheur de découvrir ce texte et cette histoire. La langue française a plusieurs couleurs, et des registres bien différents.»

Quels sont vos projets pour 2014?

«Du 3 au 7 juin, nous interpréterons l’une de nos créations, Americandream.ca au théâtre Glendon. Le spectacle sera décliné en trois chapitres. Sinon, nous serons au théâtre Enwave à Toronto en octobre prochain, pour interpréter L’Implorante, une autre de nos créations.»

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