Ce vendredi, les comédiens du théâtre La Tangente revisitent Les Muses orphelines, pièce à succès de l’auteur québécois Michel Marc Bouchard. Relations familiales, mensonges, trahisons, vengeance… C’est à travers la mise en lecture que La Tangente fait éclater la vérité au grand jour. Rencontre avec Louise Naubert, directrice artistique du théâtre.
Pourquoi interpréter une pièce de Michel Marc Bouchard, en tant que théâtre de création?
«La Tangente présente au public des créations théâtrales contemporaines qui sont les siennes une à deux fois par an. Ce partenariat avec l’Alliance Française nous permet d’interpréter une œuvre du répertoire québécois qui sort de notre mandat habituel. C’est un moyen de rejoindre des publics différents, de travailler des textes que nous ne travaillions pas dans le passé et c’est surtout un moment de partage.»
Pourquoi avoir choisi d’interpréter Les Muses orphelines?
«Les Muses orphelines est un texte important, une grande œuvre du répertoire québécois. C’est l’histoire de trois filles et d’un gars, abandonnés par leur mère très jeunes pour rejoindre son amant. C’est donc le récit d’un mensonge envers la cadette, maintenue dans l’ignorance pendant toutes ces années, qui va décider de faire éclater la vérité au grand jour et de s’affranchir d’une famille qui lui a menti. C’est donc l’histoire d’une famille, mais aussi d’un mensonge, et d’une vengeance. C’est toute l’image d’une société qui s’exprime à travers cette pièce, ce psychodrame.»
Qu’entendez-vous par l’image d’une société?
«Ce qui est beau dans une famille, c’est de pouvoir la quitter. Cette citation est extraite de la pièce et me plaît beaucoup. Pour moi, un parallèle peut être fait avec l’évolution de la société québécoise et l’affirmation de son identité, notamment pendant la Révolution tranquille, période charnière pour le Québec. Mais c’est également une manière d’aborder les relations familiales, les relations fraternelles et la souffrance qui peut s’exprimer à cause du manque d’une mère. Cette pièce montre qu’on porte en soi l’enfant qu’on a été. C’est une pièce très riche, où la figure de l’antihéros, la personne qu’on attend le moins, surmonte l’épreuve et ressort gagnant.»