Cette année, un seul Franco-Ontarien était finaliste pour un Prix littéraire de la Gouverneure générale. Et c’est lui qui a remporté les honneurs dans la catégorie Études et essais. Il s’agit de Michel Bock, auteur de Quand la nation débordait les frontières: les minorités françaises dans la pensée de Lionel Groulx (Éditions Hurtubise HMH).
Les membres du jury ont noté que Michel Bock a traité avec force, intelligence et générosité d’un personnage fort controversé, le chanoine Lionel Groulx. L’auteur «revisite la pensée de Lionel Groulx à l’égard du “principe de solidarité entre Canadiens-français, où qu’ils fussent en Amérique”. Ce livre étonnant, d’une audace fructueuse, nous plonge au cœur du grand rêve canadien-français, soit celui de l’aventure française en Amérique du Nord.»
Originaire de Sudbury, Michel Bock a soutenu sa thèse de doctorat à l’Université d’Ottawa en novembre 2002. Il l’a publiée en 2004.
Cette thèse tente de démontrer que, dans la première moitié du XXe siècle, le profond sentiment de solidarité nationale que manifestaient les milieux nationalistes du Québec à l’endroit de leurs «frères dispersés» tenait à une conception organique de la nation canadienne-française «qui plaçait la notion de tradition par-dessus tout, y compris l’appartenance territoriale et les structures politiques».
Plusieurs historiens ont soutenu que le chanoine Groulx défendait un nationalisme foncièrement québécois, qu’il était un séparatiste dans le placard ou avant son temps. Selon Michel Bock, cette vision repose trop souvent sur les seuls essais et articles publiés par Lionel Groulx.
À cette documentation s’ajoute une importante correspondance que le prêtre-historien a entretenue avec les chefs de file des minorités. Il était en étroite communication avec plusieurs Franco-Ontariens, notamment les pères oblats Charles Charlebois et Rodrigue Villeneuve (Ottawa), les curés Alfred Émery (Paincourt) et François-Xavier Laurendeau (Windsor), les militants Damien Saint-Pierre et Napoléon-Antoine Belcourt.