L’ancien directeur général de l’information à Radio-Canada, Alain Saulnier, a récemment publié Ici ÉTAIT Radio-Canada pour démontrer comment notre radio-télédiffuseur national est passé d’un service public à un service d’État, notamment sous le règne du pdg actuel, Hubert T. Lacroix. Il n’y a plus ce «maintien d’une saine distance entre le diffuseur public et le gouvernement».
Cette «saine distance» est ce qu’on appelle «arm’s length» en anglais, c’est-à-dire le maintien d’une indépendance vis-à-vis le gouvernement. De John Diefenbaker à Jean Chrétien, conservateurs et libéraux ont plus que moins respecté cette saine distance, les gouvernements se limitant à nommer les membres du conseil d’administration et le pdg de CBC/Radio-Canada. C’est sous Stephen Harper que la saine distance est rapidement disparue.
Le pdg de CBC/Radio-Canada peut bien être l’homme (il n’y a jamais eu de femme) du gouvernement en place, mais il doit garder ses distances. Ce n’est pas le cas d’Hubert T. Lacroix, qui maintient des liens avec le chef de cabinet du premier ministre. Il accepte (propose?) même que le Bureau du Conseil privé et le Conseil du Trésor lui prêtent tour à tour un vice-président à l’image de marque et aux communications, puis un directeur général des affaires institutionnelles.
Alain Saulnier reconnaît que Radio-Canada relève du gouvernement et que ce dernier (sous Harper) a tendance «à se comporter comme le propriétaire des lieux». Mais de là à vouloir transformer le diffuseur public en service d’État, il n’en a pas le droit.
L’auteur sonne l’alarme: «Empêcher le gouvernement de s’ingérer dans la programmation et les orientations de la Société Radio-Canada n’est pas un caprice. C’est vital.»