Metropolis bleu: le «sport» de la traduction littéraire

Salon du livre de Toronto 2008

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Publié 07/10/2008 par Vincent Muller

La fondation Metropolis bleu était présente au Salon du livre de Toronto samedi et dimanche pour évoquer une problématique particulièrement importante pour tout auteur, spécialement dans un pays bilingue comme le Canada. Il s’agit de la question de la traduction des œuvres littéraires.

La fondation montréalaise Metropolis bleu (que nous avons évoqué dans notre numéro précédent à l’occasion de sa présence au festival Word on the Street le 28 septembre) a proposé cette fois au public torontois une réflexion interactive sur la traduction des œuvres littéraires.

En Ontario, la traduction en français, pour ce qui est des services ou des informations au public, est souvent évoquée par des Franco-Ontariens soucieux de pouvoir «vivre en français». Vivre en français est important mais ne se limite pas à parler français dans les administrations ou les banques et à s’informer grâce à des médias francophones. Il s’agit aussi d’avoir des loisirs en français dont la lecture est probablement le plus important pour développer sa compréhension de la langue et des cultures francophones.

La langue est souvent indissociable de la culture, et les concepts utilisés dans une langue n’existent pas forcément dans toutes les langues. Pour bien traduire il faut bien connaître et comprendre la culture qui est rattachée à la langue. De plus, une même langue peut être parlée ou écrite par des locuteurs ayant des cultures différentes, ce qui complique encore plus les choses.

Lorsqu’il s’agit d’un poème ou d’un roman il faut ajouter à cela l’approche de l’écrivain, son vécu, ses impressions et traduire, en plus des mots, ce qui est dit entre les lignes, c’est-à-dire que la traduction doit reproduire ce qui est implicite aussi bien que ce qui est explicite.

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Or, ce qui est implicite n’est pas toujours évident à comprendre à la première lecture même pour un écrivain chevronné. Ajoutons à cela l’interprétation du lecteur qui peut varier, en particulier lorsqu’il s’agit de poésie.

Beaucoup de gens ne saisissent pas la complexité de la traduction d’une œuvre littéraire. La table ronde de Métropolis bleu intitulée Le dire autrement, le sport non-violent de la traduction, avait donc pour but à travers des exemples concrets de montrer la difficulté de cette tâche.

Quatre traducteurs anglophones et francophones, ainsi qu’un auteur traduit, participaient à cette table ronde et donnaient leurs impressions et leurs interprétations d’œuvres traduites du français vers l’anglais et inversement.

Beatriz Hausner dont le poème Poetic Twin Man à été traduit en français par Nicole Perron-Martel et par Rachel Martinez était présente avec ses deux traductrices. Le public majoritairement bilingue a pu découvrir les deux traductions du poème, donner son avis et comprendre les choix des traducteurs. La même chose a été faite pour un extrait de la Disparition des idées de Yannick Renaud traduit en anglais par Ray Ellenwood et A.F Moritz tous deux présents.

La discussion engendrée par cette table ronde a bien montré que la traduction est un travail continu, qu’il y a une variété infinie d’options et de possibilités et une grande liberté du traducteur.

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Ne pas confondre, donc, traduction technique et traduction littéraire dans laquelle, selon Rachel Martinez, «il y a toujours un petit peu du traducteur et cela est encore plus évident lorsqu’il s’agit d’une poésie».

Pour les auteurs qui comprennent la langue dans laquelle ils sont traduits, comme le souligne Beatriz Hausner, la traduction peut aussi s’avérer intéressante dans la mesure où lire son oeuvre traduite peut être «un moyen de se redécouvrir soi-même». Pour les auteurs ayant besoin d’une psychanalyse, lire des traductions de leurs oeuvres serait peut-être une solution moins onéreuse qu’une consultation médicale…

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