Médias sociaux : troll un jour, troll toujours

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Les personnes désagréables ou hostiles sur Internet l'étaient déjà à la base.
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Publié 09/09/2021 par Pascal Lapointe

Les trolls se permettent-ils des comportements en ligne, dans les médias sociaux, qu’ils ne se permettraient pas dans le « vrai monde »?

Une compilation d’études suggère le contraire! Les personnes désagréables ou hostiles sur Internet le seraient tout autant qu’ailleurs. Internet leur offrirait simplement plus d’opportunités et de visibilité.

Dans les mots du communiqué de presse de l’Université Aarhus, au Danemark: « l’Internet ne transforme pas les gens en crétins, il offre plutôt un mégaphone géant pour ceux qui le sont déjà. »

Comportements inadaptés à l’inédit

Les deux auteurs, les politologues Alexander Bor et Michael Petersen, sont partis d’une explication souvent utilisée, appelée l’hypothèse de l’inadéquation. Celle-ci dit en gros que les gens auraient des comportements inadaptés à une situation jusque-là inédite.

En l’occurrence, ils auraient moins de « filtres » dans une conversation en ligne parce qu’ils ne voient pas le visage de leur interlocuteur, donc ses réactions à leurs propos.

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Un des problèmes est qu’il y a peu de données probantes pour appuyer cette hypothèse, soutiennent Andersen et Bor dans leur texte paru le 26 août. Parce que la plupart des études se sont concentrées sur les conversations en ligne seulement.

Et que celles qui ont comparé les deux types de conversations ont rarement privilégié les sujets politiques, les plus susceptibles de générer des réactions enflammées.

Personnalités offensives à la base

Ils ont donc choisi d’analyser huit études qui documentaient ce présumé « bond » d’hostilité dans les discussions politiques en ligne.

Leur conclusion est que les données soutiennent plutôt que les individus « hostiles en ligne » le sont tout autant « offline ».

Il n’y aurait pas une telle chose qu’une incapacité à « réguler ses émotions » une fois qu’on est en ligne, mais plutôt un « trait de personnalité » qui était déjà là avant.

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Ce n’est pas tout le monde qui a une personnalité qui le rend plus susceptible d’être à l’offensive, résume Alexander Bor dans la revue britannique Engineering & Technology. « En fin de compte, ces différences dans les personnalités deviennent un bien plus grand catalyseur de l’hostilité en ligne. »

Les pacifistes en retrait des médias sociaux

S’il y a un biais de sélection, il est peut-être dans l’autre « groupe », écrivent les deux chercheurs. Les individus non hostiles « se retirent de toutes les discussions politiques en ligne, qu’elles soient hostiles ou non ».

Cela revient aussi à dire que plusieurs des gens hostiles ou agressifs sont conscients qu’ils le sont et savent sur quels boutons pousser pour obtenir davantage de réactions de leur « auditoire ».

Le fait que ce comportement soit bon pour le modèle d’affaires des médias sociaux (créer plus de réactions, inciter les gens à revenir plus souvent, etc.) contribue à donner l’impression qu’il y a plus d’hostilité… Alors qu’il est possible que celle-ci soit juste plus visible.

Auteur

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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