Manteca: du jazz où faut montrer son Q.I.

De retour à Toronto après 25 ans

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Publié 17/09/2013 par Guillaume Garcia

Jazz contemporain, jazz fusion, les critiques musicaux ne savent pas bien comment définir Manteca. Eux se définissent uniquement comme jouant de la musique, loin des cases dans lesquelles on essaie de les ranger. Reconnu internationalement, Manteca sortira son 11e album intitulé Monday Night at The Mensa Disco, le 24 septembre.

Les Torontois férus de jazz pourront les écouter en avant-première au Monarch Tavern les mardi et mercredi 17 et 18 septembre. Le co-leader du groupe, Matt Zimbel revient pour L’Express sur son parcours étonnant, depuis les États-Unis jusque Montréal en passant par Robert Paquette et Cano.

À la fin des années 70, le disco perd de sa superbe. Les jeunes doivent trouver un substitut aux pantalons pattes d’ef et aux rythmes de Boney M et d’ABBA. Matt Zimbel, percussionniste d’origine américaine lance, avec Henry Heillig, Manteca, un groupe de jazz influencé par les sonorités des rythmes afro-cubains et latinos, dont le nom est tiré d’une chanson de Dizzy Gillespie.

«Le disco mourrait et notre projet a été le bienvenu à Toronto. On offrait une solution pour danser sans être embarrassé!», se souvient le co-leader de Manteca. Le groupe commence à tourner dans les clubs de Toronto et la reconnaissance arrive quelques années plus tard, au milieu des années 80. En 1989, le groupe remporte le Juno du meilleur album instrumental de l’année.

Ils auront également été trois finalistes pour ce même prix. Manteca a joué dans le monde entier, du Hollywood Bowl au North Sea Jazz Festival. Manteca a partagé la scène avec de nombreux artistes tels que Miles Davis, Weather Report, Van Morrison, Gloria Estefan ou encore The Yellow Jackets.

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Pour Matt Zimbel, l’aventure a commencé aux États-Unis, où il a vécu jusqu’à ses 14 ans, avant de déménager sur l’Île du Prince-Edouard. C’est là qu’il rencontre Robert Paquette, qui l’emmène dans ses bagages pour une tournée dans le nord de l’Ontario.

«J’ai joué avec lui, on jammait, j’ai rencontré Cano et c’est là que j’ai commencé à faire des disques. J’ai fait des disques en français avant de les faire en anglais», s’amuse-t-il.

Il passe quelque temps à Montréal, s’installe à Toronto, et revient finalement à Montréal, où il vit encore aujourd’hui.

«À cette période, on était en tournée internationale. Ça n’était pas important où j’habitais. Manteca est basé à Toronto. Sur les neuf membres du groupe, tous sont à Toronto sauf moi, j’habite à Montréal et un autre musicien est à Ottawa», indique celui qui a été le co-leader (avec Doug Wilde) du groupe maison de l’émission Friday Night! Animée par Ralph Benmergui, sur CBC, en 1993.

Onward, le retour

1996 marque un coup d’arrêt pour Manteca, qui ne ressortira pas d’album avant 2007 et Onward, qui marquera le retour du groupe sur le devant de la scène. Onward a marqué un tournant dans l’histoire du groupe, qui a fait évoluer sa musique en ajoutant à son orchestre une clarinette basse, une flûte alto, un trombone et une contrebasse, et en préférant le son rythmique de ce que les trois batteurs ont nommé la «bulle sonique» à celle des percussions latines.

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«De nombreux groupes font ça maintenant, et mieux que nous. On a voulu créer quelque chose de nouveau, trouver un son unique. On mélange des instruments qui font le même rythme dans la même région sonore. Ce dernier album, pour moi ça a été une expérience très spéciale.»

En effet, Matt Zimbel a travaillé, pour Monday Night at The Disco, avec son comparse Doug Wilde, qui fait partie depuis trois ans de Manteca. Les sept chansons de l’album ont été composées par le duo. «Doug dit que je suis l’architecte et que lui est le constructeur!», rigole Matt Zimbel, qui a souhaité faire l’entrevue en français, malgré le fait que ce ne soit pas sa langue natale.

Les acoustiques de l’album sont plus impressionnantes que jamais, et pour cause, cet album a été enregistré dans les studios Revolution Recordings par l’ingénieur du son Jeff Wolpert, lauréat de quatre prix Juno; en seulement trois jours, un petit exploit!

«La Mensa Disco, c’est l’endroit où les intellectuels se réunissent pour danser. C’est un endroit où la signature rythmique est aussi étrange que les clients. C’est aussi un endroit où le portier (qui détient lui-même un Ph. D. en Théorie comportementale avancée des personnes saoules) vous répondra : «Oui, je peux te laisser entrer, mais il faut d’abord me montrer ton QI», dit le co-leader de Manteca.

«Quand on compose les chansons, on imagine comment sera le show. On écrit les chansons pour faire une tournée avec. L’album est moins agressif que les autres, mais toujours aussi puissant.»

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Les shows de Toronto au Monarch Tavern seront les premiers du groupe depuis 25 ans. «On a choisi cet endroit parce que c’est une petite salle avec une bonne acoustique», explique Matt Zimbel, qui a hâte de retrouver le public torontois après tant d’années de séparation.

Renseignements

MANTECA: Monday Night At the Mensa Disco
Les 17 & 18 septembre | 10 novembre | 13 décembre à 20h30
The Monarch Tavern, 12 Clinton Place, Toronto Billets: Adultes 15$ | Étudiants 10$ |
Information: 416 531-5833

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Un Englishman au Québec

Matt Zimbel devrait également retenir l’attention l’an prochain, au moment où débutera le tournage de Un Englishman au Québec, un documentaire amusant sur son intégration dans la Belle province et son apprentissage du français.

«J’ai toujours noté ce que je trouvais drôle quand je suis arrivé ici et sur mon désir de parler français. Le documentaire, c’est un Américain qui devient dingue d’apprendre le français. On va faire des entrevues avec des anglophones intégrés au Québec, qui parlent très bien français et on va poser les mêmes questions à tout le monde», avance Matt Zimbel, à propos de ce projet en forme de clin d’œil à la chanson de Sting, An Englishman In New-York.

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Parmi toutes les choses qui ont marqué le percussionniste lors de son arrivée au Québec, il se souvient particulièrement de l’omniprésence des dictionnaires! «Il n’y a pas de dictionnaires chez les anglophones. Ici tout le monde en avait. J’ai même vu quelqu’un sortir d’un magasin et se faire poursuivre, et rattraper, parce qu’il avait volé un dictionnaire. Le gars avait volé un dictionnaire quand même!»

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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