Manger santé: pas compliqué et pas cher

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Le coût et le contenu du panier d'épicerie sont impactés par la pandémie.
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Publié 30/10/2017 par Ève Beaudin

Les mythes entourant l’alimentation ne manquent pas! Les déboulonner fait partie du mandat que s’est donné Bernard Lavallée, alias le Nutritionniste urbain. Auteur du guide pratique Sauver la planète une bouchée à la fois, collaborateur à Radio-Canada (Ricardo, Les Éclaireurs) et à La Presse +, le nutritionniste profite de toutes ses tribunes pour déconstruire l’idée qui consiste à croire que «manger santé, c’est compliqué et ça coûte cher».

Pourquoi rectifier ce mythe?

Parce qu’il fait en sorte qu’on finit par croire que manger sainement est inaccessible et inabordable!

Cela ouvre aussi la porte à toutes sortes de croyances à propos de l’alimentation, par exemple l’idée qu’il faudrait exclure des catégories entières d’aliments ou acheter des aliments exotiques. Alors qu’en fait, pour la majorité des gens, ça devrait être beaucoup plus simple que ça, bien manger.

Et aussi, bien moins cher que ce que l’industrie alimentaire veut nous faire croire.

Bernard Lavallée
Bernard Lavallée

Pourquoi est-il aussi répandu?

La nutrition est un sujet omniprésent dans les magazines, les journaux, les médias sociaux. Elle fait aussi l’objet d’une pléiade de livres et de documentaires.

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Sauf que le message est devenu confus. En effet, une multitude d’acteurs avec des enjeux très différents prennent la parole: nutritionnistes, représentants de l’industrie alimentaire et des gouvernements, professionnels de la santé, agriculteurs, journalistes, lobbyistes, environnementalistes, entraîneurs sportifs, documentaristes, gourous, youtubeurs…

Exposés à des messages souvent contradictoires, les gens finissent par croire que manger santé, c’est compliqué, car ils ont de la difficulté à démêler le vrai du faux, à dégager ce qui est important pour s’alimenter sainement.

Ça les rend aussi plus vulnérables aux modes alimentaires véhiculées par l’industrie et les médias. Par exemple, il y a quelques années, on nous répétait qu’il fallait manger des «super aliments» comme les baies de goji. Et puis, en plus, ça coûte cher, les baies de goji!

Cette multiplication des messages participe à la création d’une «cacophonie nutritionnelle», une expression inventée par le sociologue de l’alimentation Claude Fischler.

Cette surabondance peut éventuellement mener à une forme de lassitude et à une perte de confiance des consommateurs dans le discours des scientifiques. «Manger plus de fruits et de légumes? Pff! On lit partout qu’ils sont bourrés de pesticides! En plus, vous nous direz le contraire dans cinq ans…»

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On entend ce genre de témoignage tous les jours, comme nutritionniste. C’est dommage, car en réalité, notre message est essentiellement le même depuis quelques décennies: il faut manger une variété d’aliments, principalement des végétaux (fruits, légumes, légumineuses, grains entiers) et préférer l’eau aux autres boissons.

Malheureusement, ce message s’est perdu en cours de route, peut-être parce que c’est un message «plate»…

Les nutritionnistes responsables?

Effectivement, les nutritionnistes participent aussi au bruit ambiant. C’est l’une des rares professions qui bénéficie d’une présence aussi importante dans les médias.

On ne peut pas répéter sans arrêt le même message «plate». On parle des nouveautés, des tendances alimentaires, des découvertes et des études prometteuses.

Sauf qu’au bout du compte, de la nouveauté scientifiquement valide, il n’y en a pas tant que ça en nutrition, car c’est une science assez complexe.

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Pourquoi la nutrition est-elle si complexe?

On peut difficilement ramener la nutrition à un seul élément, comme on le fait pour les études cliniques dans d’autres domaines. C’est pourquoi il est important d’avoir une diversité de méthodologies, pas seulement des essais cliniques randomisés contrôlés. Par exemple, les études longitudinales (de population) qui prennent en compte plus de facteurs de la vraie vie.

Cependant, il faut faire attention à l’interprétation qu’on en fait. Par exemple, des études ont observé que ceux qui mangent environ deux portions de poisson par semaine semblaient moins souffrir de maladies cardiovasculaires.

Des spécialistes ont d’abord émis l’hypothèse que c’était à cause du contenu en oméga-3. Ensuite, certains ont fait un raccourci: pas besoin de manger du poisson deux fois par semaine, on peut consommer des comprimés d’oméga-3 à la place. C’est ainsi que le marché des suppléments d’oméga-3 est né.

Cependant, consommer des gélules d’oméga-3, ce n’est pas l’équivalent de consommer du poisson. Et c’est sans compter le fait que des études plus récentes ne sont pas concluantes quant aux effets protecteurs des suppléments d’oméga-3 pour la santé cardiovasculaire.

Comme êtres humains, nous aimons penser que consommer des suppléments ou des aliments «miracles» est bon pour la santé, mais cette vision est beaucoup trop réductrice. Il faut voir l’alimentation dans une perspective beaucoup plus large!

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L’alimentation saine

Plusieurs diètes ont fait l’objet d’études de population, comme le régime alimentaire méditerranéen ou le régime végétarien.

C’est en recoupant plusieurs de ces études et en faisant une revue de la littérature scientifique que les responsables de la santé publique comme l’OMS et les grandes associations de nutritionnistes ont pu établir les grandes lignes d’une alimentation saine.

Comme tout changement d’habitude, cela demande un certain temps. Mais une fois qu’on a compris que c’est la base, on peut se concentrer là-dessus.

C’est plus simple que d’exclure plein d’aliments et c’est aussi moins cher que de consommer la plupart des aliments à la mode (jus détox, craquelins au kale, et autres produits de ce genre). On opte pour des fruits et légumes de saison, des grains entiers, des légumineuses qui sont une source de protéines bien moins chères que la viande. Et on opte pour l’eau, qui est gratuite.

Il n’y a pas que les aliments qui entrent en compte quand on parle d’alimentation saine: cuisiner et manger en famille font aussi partie de la solution. Il y a plein de gens qui font un travail extraordinaire dans ce sens. Je pense à Ricardo et à Geneviève O’Gleman de Cuisine futée, parents pressés qui proposent des recettes délicieuses, simples et économiques.

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Personnellement, je suis persuadé que ces personnes ont fait plus pour la santé que bien des gourous et des fabricants de super aliments!

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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