«En Marche!» est un beau slogan, mais ça n’explique rien.
Emmanuel Macron a beau vouloir s’affranchir des étiquettes gauche/droite et des idéologies socialisme/libéralisme, les médias ont encore régulièrement recours à ces raccourcis, et les électeurs, eux, veulent savoir à quoi s’en tenir.
Surtout, dès qu’un gouvernement agit, et même quand il ne fait rien, il procède d’une orientation, assumée ou non: plus ou moins de bureaucratie, intervention ici plutôt que là, ouverture ou fermeture à l’immigration ou aux alliances, etc. Un candidat est socialiste ou libéral, dirigiste ou tolérant, nationaliste ou multiculturaliste, pro ou anti-Europe, etc.: il est toujours quelque part (quoique pas toujours cohérent d’une décision à l’autre).
Bonne nouvelle: il faut être de bien mauvaise foi pour prétendre ne pas savoir où se situe Macron: à «l’extrême-centre»; dans la continuité socialiste… autant que dans le progrès libéral; dans la continuité de l’Union européenne, de la monnaie commune et de l’ouverture au commerce et à l’immigration… sans en exclure une meilleure gestion ou des réformes.
Son livre s’intitule Révolution, mais c’est évidemment l’élection de Marine Le Pen qui en serait une.
Les Canadiens qui ont élu Justin Trudeau en 2015 sont familiers avec de tels politiciens cherchant à ratisser le plus large possible en restant dans le juste milieu, frayant avec l’élite mais se disant préoccupés de la classe moyenne et des démunis, intéressés comme tout le monde à la protection de l’environnement, allergiques aux débats identitaires, accordant autant d’importance aux tweets et aux selfies qu’aux exégèses de leur programme.