«Ma thèse en 180 secondes» prend racine dans la francophonie canadienne

La gagnante de l’édition 2019 du concours «Ma thèse en 180 secondes», Élodie Nguena, associée à l’Université de Sherbrooke, et qui a représenté le Canada à la finale internationale. Photo: Lévy L. Marquis
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Publié 17/03/2020 par Marc Poirier

Pourriez-vous résumer en trois minutes la caractérisation de facteurs génétiques et métaboliques liés à la colonisation de la rhizosphère de Solanum tuberosum et d’Arabidopsis thaliana par des Pseudomonas spp. phytobénéfiques producteurs de phénazines?

C’est ce qu’a réussi à faire avec brio Antoine Zboralski de l’Université de Moncton l’an dernier, lors de la finale nationale du concours Ma Thèse en 180 secondes, où il a décroché la deuxième place.

«Ce qui m’intéressait, c’était de vraiment me former à la vulgarisation et de réussir à vulgariser ma thèse plus que j’étais arrivé à faire jusque-là», souligne le doctorant en sciences de la vie. «J’étais curieux, alors j’y suis allé.»

Trois minutes pour vulgariser

Cette année, Antoine Zboralski est responsable d’organiser le concours interne de l’Université de Moncton qui devait avoir lieu le 18 mars, pour la première fois devant public, mais qui sera reportée pour cause d’épidémie de coronavirus Covid-19.

Le concours Ma thèse en 180 secondes (MT180) est une version française du concours Three Minute Thesis (3MT) créé en Australie en 2008 et introduit au Canada en 2012 par l’ACFAS (Association francophone pour le savoir).

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Les participants sont des doctorants qui doivent présenter à un auditoire profane un exposé de leur projet de recherche… en trois minutes.

Lors du concours «Ma thèse en 180 secondes», Antoine Zboralski est arrivé en deuxième place en 2019. Il représentait l’Université de Moncton. Photo: Lévy L. Marquis

Tour de force

«Pour les candidats eux-mêmes, c’est vraiment un exercice important de communication, de vulgarisation. C’est comment trouver le moyen d’expliquer dans des mots simples, dans de l’expression usuelle, des choses qui sont complexes», explique la présidente de l’ACFAS, Lyne Sauvageau.

«C’est un tour de force pour les candidats. Il y a des habiletés de communication incroyables qui sont développées à travers ce concours-là.»

Une traînée de poudre

L’ACFAS a été la première dans le monde à développer ce concours en français. D’abord au Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario se sont rajoutés en cours de route.

Pour la première fois cette année, des finales régionales doivent avoir lieu au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta, à des dates encore incertaines en raison de l’alerte au coronavirus.

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«C’est vraiment dans une volonté de fédérer, dans chacune de ces provinces, les communautés, les chercheurs francophones autour d’un évènement rassembleur comme MT180», indique Lyne Sauvageau.

Lyne Sauvageau

À l’Université de l’Alberta, huit participants sont inscrits pour participer à cette première finale provinciale du MT180. «On sent qu’il y a un certain intérêt pour le concours», souligne l’un des organisateurs Sathya Rao, professeur de langues modernes à l’Université de l’Alberta.

«On a des étudiants qui vont nous parler aussi bien des sciences forestières, de l’éducation, de la traduction; c’est pas mal diversifié. On a une bonne diversité au niveau des candidats en termes de domaines représentés.»

Les institutions postsecondaires albertaines vivent des moments difficiles, alors que le gouvernement provincial a décidé de réduire leur financement de 20% au cours des trois prochaines années.

Selon Sathya Rao, cela donne au concours Ma thèse en 180 secondes une certaine dimension politique. «C’est une occasion de démontrer à quel point la recherche, ça peut servir à quelque chose. C’est forcément inutile.»

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Régional, national, international

Si l’alerte au coronavirus est levée et que des finales provinciales ont pu être organisées, les finalistes régionaux doivent participer à la finale nationale le 6 mai prochain à l’Université Bishop, à Sherbrooke, dans le cadre du 88e Congrès annuel de l’ACFAS.

Un évènement dont Lyne Sauvageau est très fière. «On est vraiment content de pouvoir accueillir ces candidats-là et de participer au rayonnement de la recherche en français, de briser l’isolement de ces candidats-là et de créer une communauté en recherche francophone à travers le Canada.»

En temps normal, le public peut également assister à la finale nationale. Une expérience unique en soit pour les gens présents, dit Lyne Sauvageau. «À la fin d’un concours quand vous avez vu 20-25 candidats, pour les gens qui assistent, vous avez une somme incroyable de notions complexes qui ont été expliquées pour le public en général.»

Et, pour le ou la gagnante, l’expérience ne s’arrête pas là. En 2014, l’ACFAS a étendu le concours au niveau international et l’évènement regroupe maintenant une vingtaine de pays. La finale 2020 doit avoir lieu en septembre à l’Université Paris-Saclay.

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