Un foisonnement de sensations, nées d’une bouffée de senteurs méridionales, du vent de la mer, du chant des oiseaux, une luxuriance à la Matisse enrichie de Cézanne, l’errance et l’exil parfois mélancoliques mais plus souvent réminiscences gouailleuses. Tout cela fait du nouveau recueil de Daniel Soha, Amour à mort, une délectable série de nouvelles. Effervescentes.
Deux volets: 1. «Histoires de France et du midi». 2. «Histoires d’amour, d’amitié et d’ailleurs». La première partie comporte 12 nouvelles, la plupart fort cocasses, voire hilarantes, d’autres touchantes. Entre deux souvenirs attendris et une nouvelle tragique, «Le coma», qu’il n’a pas écrite lui-même mais a de manière tout à fait novatrice tenu à incorporer à son recueil, Daniel Soha règle des comptes avec la réjouissante incurie de certains services de l’administration française, l’inefficacité du garagiste local, le carcan des traditions.
Vu du Canada, on en apprécie pleinement la saveur. On ne s’ennuie pas! La seconde partie, 12 nouvelles également, est constituée d’une autre série de portraits hauts en couleur défilant au gré d’histoires sentimentales ou tout simplement amicales.
De madame Ray, la logeuse new-yorkaise près de ses sous, en passant par l’univers fantastique de la mystérieuse cousine Ashley, jusqu’à la jolie élégie à Juli.
Daniel Soha possède l’art de suggérer en peu de mots la sensualité. Son livre est plein de notations dont l’économie génère la puissance évocatrice. Ainsi ce réveil après un rêve: «Il était cinq heures du matin et Juli dormait tranquillement à mes côtés après une soirée de délices familiaux et conjugaux. Comme toujours, je me suis rapproché doucement d’elle pour lui voler quelques sensations et les savourer en cachette: son parfum, le grain de sa peau, la fraîcheur de son épaule, la chaleur de ses cuisses et de ses pieds tout lisses au fond des couvertures. Comblé, j’ai fini par me rendormir. J’ai fait la grasse matinée jusqu’à neuf heures.» (p.12).
La phrase de Daniel Soha est souvent laconique avec mise en relief finale: «C’était un peu une cour des miracles, et le miracle y était la norme. C’était du cinéma, mais c’était mieux que le cinéma: pour nous, c’était la vie.» (p.15).