Louise Mushikiwabo remplace la Canadienne Michaëlle Jean à la tête de la francophonie

L'élection s'est tenue ce 12 octobre en Arménie

OIF Election
Louise Mushikiwabo, la nouvelle secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie.
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Publié 12/10/2018 par Claire Gillet

Sans grande surprise, le poste de secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a été attribué à la candidate rwandaise Louise Mushikiwabo, lors du Sommet de la francophonie qui s’est tenu ce 12 octobre à Erevan, en Arménie.

La Canadienne Michaëlle Jean, tenante du poste, et qui s’était représentée pour briguer un second mandat, était déjà annoncée comme perdante avant l’ouverture du sommet.

Lâchée par son propre pays

Depuis plusieurs mois déjà, l’ancienne secrétaire générale canadienne était sous le feu des critiques des médias francophones, notamment au Québec.

En cause, des dépenses personnelles aux frais de l’organisation jugées extravagantes. Parmi celles-ci, les rénovations de son appartement de fonction ainsi que des voyages dans le cadre de l’OIF.

Dernièrement, de nombreux membres de l’organisation avaient tourné le dos à Michaëlle Jean.

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Le coup fatal a été porté par son propre pays puisque quelques heures avant l’ouverture du Sommet de la francophonie, le Canada et le Québec ont abandonné leur candidate. En effet, ces derniers se sont ralliés au consensus de l’Union africaine, de la France et de la Belgique, en soutenant la Rwandaise Louise Mushikiwabo.

Michaëlle Jean
Michaelle Jean, ancienne secrétaire de l’OIF.

«Je suis venue rwandaise, africaine, je repars francophone»

Née de petits propriétaires terriens en 1961 à Kigali, Louise Mushikiwabo étudie à l’université du Rwanda à Butare et devient professeur d’anglais. En 1986, elle déménage aux États-Unis pour devenir interprète. Elle finit par s’y marier et travaille à la Banque africaine de développement.

Elle échappe alors au génocide des Tutsi d’avril 1994 qui n’épargnera pas sa famille, restée sur place. En 2008, elle revient dans son pays et le président Paul Kagame lui confie le ministère de l’Information. Un an plus tard, elle devient la ministre des Affaires étrangères du Rwanda.

Lors de sa campagne pour le secrétariat général de l’OIF, Louise Mushikiwabo assurait vouloir renforcer le poids du français à l’international et préserver la langue qui menace de disparaître dans plusieurs régions. Elle donnait pour gage son pragmatisme acquis au sein de ses missions diplomatiques ces 9 dernières années.

«Je suis venue à Erevan rwandaise, africaine, je repars francophone», a-t-elle déclaré suite à son élection.

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Un consensus international controversé

De nombreux observateurs ont pointé du doigt le consensus autour de la candidate rwandaise, en dénonçant un vote plus utilitariste qu’idéologique.

En effet, Emmanuel Macron a tout fait pour convaincre les pays membres d’élire Louise Mushikiwabo, et beaucoup y ont vu une volonté de rapprochement avec le Rwanda et de positionnement français en Afrique.

De la même façon, la récente position d’Ottawa contre sa propre candidate est révélatrice, selon certains, de l’ambition de Justin Trudeau de mettre l’Afrique dans sa poche afin d’acquérir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU en 2020.

Parallèlement à ces calculs géopolitiques supposés, des associations telles que Amnistie internationale et Human Right Watch ont dénoncé la très relative démocratie rwandaise. La répression des opposants politiques y est toujours en cours et le pays a connu un recul important sur la question des droits et des libertés.

Revoir le mode d’élection?

Tout cela n’a pas échappé à l’ancienne secrétaire générale Michaëlle Jean qui a dénoncé la veille du sommet les «petits arrangements entre États» ainsi que le «mot démocratie […] vidé de son sens pour laisser place à la realpolitik». Ce discours a vraisemblablement achevé de sceller son sort.

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Jocelyn Coulon, chercheur au Cérium de l’Université de Montréal, a déclaré à La Presse canadienne que le mode de scrutin est donc à revoir: «Le processus de sélection et de nomination du secrétaire général est en crise, comme le démontre le psychodrame où a été plongé l’OIF pendant une semaine.»

«Il faut le réformer pour le rendre plus transparent, ce qui donnera plus de crédibilité à l’élu.»

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