«Quand vous venez d’ailleurs, vous voyez des choses que ceux qui sont plus familiers avec l’environnement ne remarquent plus.» Jamais Louis Malle n’a su décrire avec tant de pertinence une situation que lorsqu’il l’avait vécu en tant qu’observateur. Qu’il s’agisse d’événements, de lieux ou de vies, il s’est distingué par la justesse de ses documentaires, sans pour autant délaisser la fiction, part principale de son oeuvre. Un travail journalistique aujourd’hui présenté par la Cinémathèque Ontario, du 4 au 12 avril.
Décédé il y a un peu plus de dix ans, Louis Malle a laissé derrière lui l’image d’un cinéaste atypique et controversé mais au talent indéniable. Avec Au revoir les enfants, il signait en 1987 un film qui marquait l’apogée de sa carrière, en revenant sur les cendres encore fraîches d’un thème qui l’avait poussé à l’exil quinze ans plus tôt: l’occupation durant la Seconde guerre mondiale.
S’il a occupé une place importante au sein du paysage cinématographique français en tant que réalisateur de films de fiction, on oublie souvent que Louis Malle a mené en parallèle une carrière de documentariste. Une autre facette du personnage à laquelle voulait rendre hommage la cinémathèque Ontario, en projetant ses huit documentaires au sein d’une rétrospective.
En point d’orgue sera évidemment projeté Le monde du silence (1956, diffusé le mercredi 9 mai à 18h30), qui avait à l’époque recu la palme d’or du Festival de Cannes et l’Oscar du meilleur documentaire. Réalisé en binôme avec l’emblématique Jacques-Yves Cousteau, il avait révélé les talents d’un jeune cinéaste qui étudiait encore à l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC).
Après cette première expérience, le Nordiste s’était essayé à la fiction à plusieurs reprises, collaborant notament par quatre fois avec l’actrice Jeanne Moreau. Déjà à l’époque il s’était distingué de la jeune école, en s’écartant des sentiers tracés par les meneurs de la Nouvelle Vague, pourtant plus qu’en vogue à la fin des années 50.