L’ostéopathie en quête de reconnaissance officielle

Laetitia Mauny vient d'ouvrir son cabinet à Toronto

Laetitia Mauny a fait ses études à Paris avant de venir s'installer à Toronto
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Publié 21/05/2019 par Claire Besnard

Diplômée de l’École supérieure d’ostéopathie de Paris, Laetitia Mauny s’est heurtée à un marché du travail saturé dans ce domaine, puisque la réglementation de la profession n’a eu lieu qu’en 2013 en France.

Partie travailler au Canada, à Toronto, elle est confrontée à de nouveaux défis, dont celui de faire reconnaître l’ostéopathie en Ontario, où cette «médecine alternative» n’est pas reconnue ni réglementée.

Le squelette et les muscles

En février dernier, elle ouvrait The Whole Care, son cabinet situé au 1066 Kingston Road. Une aubaine pour les francophones torontois, puisqu’il n’est pas facile de trouver des soignants francophones en ville.

L’approche thérapeutique de l’ostéopathie est non conventionnelle. Cette pratique repose sur la manipulation du squelette et des muscles afin de soulager les douleurs ou de retrouver la souplesse d’un membre.

L’ostéopathie s’intéresse particulièrement aux douleurs chroniques aux jointures et aux problèmes de posture, aux spasmes musculaires et aux difficultés respiratoires, ainsi qu’aux troubles alimentaires et aux problèmes digestifs.

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L’ostéopathie travaille sur les os, les articulations et les muscles.

Approche holistique

«Nous avons une approche holistique», explique Laetitia Mauny à L’Express. «Cela signifie que nous ne cherchons pas seulement à soigner les symptômes. Nous cherchons à identifier l’origine du problème pour le traiter à la source.»

Elle a de grands projets pour son cabinet puisqu’elle aimerait accueillir d’autres praticiens (kinésithérapeute, nutritionniste ou encore homéopathe). Une infirmière psychiatrique est déjà présente.

«J’aimerais créer un espace dans lequel les praticiens communiquent et assurent ensemble le suivi des patients. C’est un peu l’esprit des maisons médicales en France.»

The Whole Care, au 1066 Kingston Road: une approche «holistique».

Des formations sérieuses… d’autres moins

Comme toute médecine alternative, l’ostéopathie n’est pas considérée de la même façon partout. En Ontario, les compagnies d’assurance remboursent intégralement les frais, mais les formations ne sont pas contrôlées.

Il existe de nombreuses écoles, certaines sont très sérieuses, d’autres moins. «Ici, tu peux travailler sans diplôme, ou exercer en ayant reçu une formation sur Internet. Il existe aussi des formations de 4 ans, à raison de 5 jours de cours par mois. En France, il faut faire 6 ans d’études à temps plein.»

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Les écoles canadiennes et américaines rendent l’accès au diplôme très facile, ce qui explique qu’il est compliqué pour les patients de démêler les bons des mauvais ostéopathes. «Certaines personnes ne font plus confiance aux ostéopathes après des expériences malheureuses avec des gens peu ou non qualifiés.»

Mal de dos ou problèmes de posture? L’ostéopathie peut peut-être aider,

Une association

Laetitia a donc choisi de se battre. Elle s’est engagée dans une Association dont elle est aujourd’hui la vice-présidente: l’Ontario Association of Osteopathic Manual Practionners. Il en existe plusieurs en Ontario et au pays. Chacune tente de se faire sa place. Certaines, comme celle de Laetitia, paraissent plus reconnues que d’autres.

Les compagnies d’assurances ne les reconnaissent pas toutes – ce qui est «encourageant», selon Laetitia. L’OAO affirme garantir la compétence et le sérieux de ses membres praticiens.

Le rapport de l’OMS.

L’Association utilise les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé et souhaite que ces critères soient repris par le gouvernement pour empêcher les abus et assurer aux patients des soins en toute confiance et sécurité.

Depuis 2007, un peu partout dans le monde, la majorité des formations proposées en ostéopathie se fondent sur ces recommandations.

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Pas de reconnaissance officielle en vue

Selon David Jensen, chargé de la communication du ministère ontarien de la Santé et des soins de longue durée, le ministère n’a pas l’intention de réglementer les ostéopathes, comme avait fait le gouvernement libéral précédent en 2015 pour les homéopathes.

La prudence est toujours de mise, dit-il: «Lorsqu’ils cherchent à obtenir les services d’une personne, qu’ils fassent ou non partie d’une profession de la santé réglementée, les patients sont toujours encouragés à poser des questions sur les services qu’ils reçoivent afin de pouvoir décider s’ils répondent à leurs besoins individuels.»

Le diplôme français de Laetitia Mauny garantit ses compétences en France, pas en Ontario.

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