Littéréalité du Haut Saint-Laurent ontarien

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 08/09/2009 par Paul-François Sylvestre

Nicole V. Champeau est née à Cornwall, près du fleuve Saint-Laurent qui a profondément marqué son âme et sa poésie. Ce cours d’eau est devenu sa passion. Je ne connais personne qui a fouillé autant la littéréalité du Saint-Laurent, sans parler de ses facettes historiques et même sensuelles. Si besoin était, elle vient d’en faire la preuve en publiant Pointe Maligne. L’infiniment oubliée.

Cet ouvrage met en situation le fleuve Saint-Laurent dans sa partie ontarienne, à partir du lac Saint-François en remontant vers Cornwall (Pointe Maligne) jusqu’aux Mille-Îles.

L’auteure nous invite à la suivre dans son périple d’où se dégage à travers les écrits, les cartes et les personnes qui ont sillonné les lieux depuis des siècles, une poésie de l’histoire. Elle ne manque pas de raviver le souvenir de sites engloutis depuis la construction de la Voie maritime du Saint-Laurent et l’aménagement des rapides du Long Sault.

Nicole V. Champeau a souvent partagé sa passion avec les gens de la région et plusieurs personnes lui ont dit: «Pourquoi t’écris pas là-dessus? On va l’oublier si tu le fais pas.»

Pour agir en quelque sorte comme mémoire collective – et certainement à cause de la poésie de l’Histoire – l’auteure franco-ontarienne a décidé de suivre les traces de tous ces hommes qui ont marqué autant la réalité que l’imaginaire d’une des plus grandes voies/voix du pays.

Publicité

Ces hommes sont beaucoup plus nombreux qu’on pourrait le croire. En voici quelques exemples: René de Bréhant de Galinée, Xavier de Charlevoix, le comte de Frontenac, René-Robert Cavelier de La Salle, Pierre Esprit Radisson, le baron de Lahontan et Montcalm.

L’auteure demeure, de toute évidence, fascinée par la toponymie des lieux. Anse à la Mort, Isle au Diable, Pointe aux Herbes, Isle à la Cuisse, Pointe aux Joncs, Cabane aux noix, le Moulinet… ne sont que quelques toponymes qui défilent sous la plume de Champeau.

Ils deviennent aisément le matériau d’un poème: «Les deux Galops / Le Petit Détroit / Rigolet des Milles Roches / Long Sault / Votre insatiable chevauchée / Racée, urgente».

Pointe Maligne est un ouvrage très fouillé qui repose sur une recherche aussi minutieuse qu’exhaustive. La bibliographie renferme plus de 250 ouvrages et il y a pas moins de 226 notes, dont certaines sont assez détaillées.

Dommage que ce magnifique livre de référence ne comporte point d’index. En revanche, une table des matières très précise nous dirige vers une variété de thèmes: Haut Saint-Laurent ontarien, présence française en Ontario, Régime français, construction de la Voie maritime du Saint-Laurent, aménagement des rapides du Long Sault, cartes anciennes et toponymie française en Ontario.

Publicité

Avec un livre aussi brillamment documenté, Nicole V. Champeau ose s’inscrire, en toute candeur, à la suite de toute une communauté de chercheurs qui s’interrogent devant leur passé, et surtout, qui s’inquiètent pour la suite des choses. «Quelle est notre destinée? Quelle sera la fin de ce long parcours?»

Nicole V. Champeau, Pointe Maligne. L’infiniment oubliée: Présence française dans le Haut Saint-Laurent ontarien, tome 1, essai, Ottawa, Éditions du Vermillon, 2009, 376 pages, 30 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur