Lisbonne, l’inoubliable!

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Publié 13/05/2008 par Gabriel Racle

Lisbonne, capitale du Portugal, est une ville qui ne ressemble en rien aux capitales classiques comme Madrid, Paris ou Bruxelles. Son charme désuet et prenant, son histoire qui se lit dans ses monuments, son originalité qui s’exprime dans ses paysages comme dans ses pavés, l’amabilité de ses habitants, les Lisboètes, font qu’on ne peut l’oublier et, qui plus est, que l’on y retourne volontiers.

La situation géographique et la topographie de Lisbonne ont, depuis longtemps, attiré l’attention des marins et commerçants phéniciens, venus des côtes de l’actuel Liban vers 1 200 ans avant notre ère, puis des Grecs et des Romains qui font du Portugal une province romaine nommée Lusitanie (d’où l’appellation de lusophones pour les locuteurs parlant portugais).

Suivront les Alains, les Vandales, les Wisigoths, qui appellent la ville Ulishbona. Viennent ensuite les Maures. Il en reste l’actuel quartier de l’Alfama. La reconquête de la péninsule ibérique sur les Arabes verra le comté de Portucale du nom de la ville actuelle de Porto (Portus cale, beau port) se séparer du royaume espagnol de Léon, devenir autonome et prendre Lisbonne en 1147, qui devient la capitale du royaume en 1255.

C’est du château Saint-Georges (Castelo de São Jorge), dont les dix tours et la muraille crénelée couronnent l’une des sept collines de Lisbonne, que l’on a une vue panoramique sur la situation de la ville aux tuiles rouges au bord de l’estuaire du Tage. Le château, construit au Ve siècle par les Wisigoths, reconstruit par les Maures au IXe siècle, est transformé en palais royal en 1147 par le roi Alphonse Henriques, premier roi du Portugal de 1139 à 1185.

De cet emplacement, on comprend aisément comment Lisbonne est devenue la ville la plus riche du monde au début du XVIe siècle. Port abrité mais ouvert directement sur l’Atlantique, c’est de là que sont partis les grands navigateurs, comme Vasco de Gama, à la conquête du monde, Inde, Chine, Afrique, Brésil, ouvrant un commerce source d’enrichissement pour le pays. Au bord du Tage, dans ce quartier de Belem, se dresse la célèbre tour de ce nom, construite entre 1515 et 1521 sur ordre du roi Manuel Ier, arrivé au pouvoir en 1495.

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Située à l’origine au milieu de l’estuaire pour protéger l’accès au port, elle se retrouve maintenant sur la rive, à la suite du tremblement de terre de 1755, qui a modifié la topographie du lieu.

Comme le monastère des Jerónimos, dans le même secteur, dont la construction a commencé en 1501, à la demande de Manuel Ier, et s’est terminée 100 ans plus tard, la tour traduit la richesse du pays, dans un style appelé manuélin, unique au Portugal. Ce style mélange la période gothique finale et la renaissance, avec des emblèmes royaux, religieux, naturalistes et nautiques.

Le monastère est le joyau du style manuélin. Assis sur un banc de l’église, en regardant la voûte, on ne peut qu’admirer la magnifique palmeraie créée par les retombées des chapiteaux des piliers. Le cloître à deux étages impressionne par sa splendeur. La tour de Belem et le monastère font partie du Patrimoine culturel de l’Humanité.

Mais le 1er novembre 1755, un tremblement de terre suivi d’un tsunami et d’incendies rase une grande partie de la ville. Le Premier ministre, le marquis de Pombal, fait reconstruire ce qui forme maintenant le cœur de la ville, la Baixa ou ville basse, selon un plan quadrillé moderne, aux rues larges, qui se prolonge par l’Avenida de Libertade, que l’on pourrait comparer aux Champs-Élysées de Paris ou au Paseo del Prado de Madrid, jusqu’à la Praça Marques Pombal et le joli parc Eduardo VII. La Baixa est aussi le plus grand quartier commercial de Lisbonne, aux rues piétonnes.

La rue Augusta, où il est très agréable de déguster de délicieuses pâtisseries portugaises en terrasse, au milieu de la rue, débouche par une arcade baroque sur la Praça do Comercio (place du commerce), la plus fameuse place de la capitale. Entourée de monuments à arcades aux façades de couleur safran, elle est largement ouverte sur le fleuve.

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En remontant vers l’autre extrémité de la rue, on remarque sur la gauche un ascenseur construit par un élève d’Eiffel, mis en service en 1902, qui permet de gagner un belvédère, puis on gagne le Rossio, une vaste place, offrant des vues sur les collines qui l’entourent. Elle présente une particularité typique de Lisbonne, son sol pavé de petits cubes de calcaire blanc et de basalte noir. Ici, le motif dessine des ondulations alternées noires et blanches imitant des vagues.

On retrouve ces pavés partout, décorant les trottoirs de dessins géométriques, de fleurs ou de caravelles stylisées. À Lisbonne, le regard peut se poser partout.

Une autre particularité de la ville, ce sont les azulejos. Azulejo désigne un carrelage, en céramique le plus souvent, décoré et vitrifié.

C’est Manuel 1er, émerveillé lors de son séjour à Grenade, qui a souhaité orner son palais de ces riches carreaux. Aujourd’hui les azulejos font partie intégrante du patrimoine artisanal portugais. Ils sont présents presque partout dans Lisbonne. Le Museo Nacional do Azulejos, dans un cloître manuélin, présente des milliers de carreaux ayant des thèmes différents, portraits de la vie quotidienne, scènes religieuses ou de guerre, du XVe siècle à aujourd’hui. On y voit une magnifique fresque de 23 mètres, qui offre une vue panoramique de Lisbonne avant le tremblement de terre.

Il ne faut donc pas regarder que les pavés, car de nombreuses façades sont ainsi décorées, dans l’Alfama, la vieille ville qui a résisté au tremblement de terre, avec ses ruelles étroites et ses maisons ornées: fer forgé, balcons et encorbellements, blasons sculptés, fenêtres géminées, bas-reliefs, pierres gravées, azulejos.

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Avec en prime la cathédrale (1150) dont les tours ressemblent à des donjons et la casa dos bicos (pointes) du XVIe siècle, dont les bossages de la façade sont taillés en pointes de diamant. L’Alfama, c’est aussi le berceau du fado et la majorité des cafés-concerts de fado s’y trouvent.

Pratiquement, il faut apprivoiser Lisbonne en ne craignant pas la marche à pied, la montée d’escaliers parfois raides, ou en se laissant porter par ses petits tramways colorés, pour découvrir la charmante place où trône la statue du grand poète Luis de Camões, ou le jardin Principe Real avec son gigantesque cypressus lusitanica de 25 m de diamètre, les incroyables richesses de l’église São Roque, la place du Carmo, au charme désuet, des funiculaires pour gagner quelque belvédère.

Chaque quartier a une atmosphère différente, parfois entre le jour et la nuit. Car si Lisbonne est calme et tranquille dans la journée, il peut en aller différemment la nuit.

C’est l’une des villes les plus animées d’Europe, notamment dans le Bairro Alto ou le Chiado, par une vie nocturne qui commence souvent très tard et peut se prolonger jusqu’à l’aube.

Ville ocre, jaune, rose, bleue, baroque, renaissance, moderne, chaleureuse, aimable, Lisbonne s’improvise sous vos yeux selon l’heure et le lieu, vous laisse des souvenirs inoubliables et cette envie de la revoir en sachant qu’en une visite, on n’a pas épuisé tout ce qu’elle nous réserve.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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