L’Inde n’a pas interdit tous les objets jetables en plastique

Plus de 8 millions de tonnes de plastique par année terminent leur périple dans les océans.
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Publié 26/06/2017 par Rabéa Kabbaj

Selon l’ONU, chaque année, plus de 8 millions de tonnes de plastique terminent leur périple dans les océans, générant près de 8 milliards $ en dommages aux écosystèmes marins. La rumeur courait récemment que l’Inde — l’un des gros pollueurs en la matière — venait d’interdire tous les objets jetables en plastique. Si l’information n’est pas totalement fausse, le diable est dans les détails.

Juste la capitale

En janvier, plusieurs médias, dont le quotidien britannique The Independent et les journaux indiens India Times et Hindustan Times ont rapporté cette interdiction décrétée le mois précédent par le National Green Tribunal — instance fédérale rendant des jugements sur des dossiers environnementaux — et entrée en vigueur le 1er janvier.

Un interdit qui ne concerne toutefois que le Territoire de la Capitale nationale de Delhi et non l’ensemble du pays.

À noter que cette interdiction ne constitue pas une première: dans le reste de l’Inde, quelques-uns des 29 états et 7 territoires de l’Union ont déjà adopté des mesures prohibant des objets en plastique. L’usage et la vente de sacs de plastique sont ainsi interdits au Maharashtra depuis 2005, à l’Uttar Pradesh depuis 2016, et au Madhya Pradesh depuis le mois dernier.

Dans l’état de l’Uttarakhand, l’interdiction entrée en vigueur en janvier 2017 concerne les sacs, mais également les tasses, gobelets et emballages en plastique. Quant à l’état du Karnataka, il a adopté une interdiction sur les sacs et objets jetables en plastique beaucoup plus large et presque totale — à quelques exceptions près — depuis mars 2016.

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Juste les verres

Selon la presse, la nouvelle interdiction touchant Delhi s’appliquerait à toutes formes d’objets jetables en plastique. D’après The Independent, cela concernerait la vaisselle, les sacs, mais aussi tout autre objet jetable en plastique (sans préciser). Même chose pour l’Hindustan Times qui souligne que les objets jetables en plastique seraient bannis au grand complet.

Toutefois, à la lecture de la décision officielle du National Green Tribunal, il apparaît que l’interdiction ne vaudrait que pour les verres jetables en plastique: la vente et l’usage tant privé que public (dans des hôtels, restaurants, etc.) sont prohibés, à Delhi, depuis le 1er janvier 2017.

Sur le site du gouvernement de Delhi, on retrouve d’ailleurs une note qui fait état de cette décision, en prévenant que tout manquement sera considéré comme un outrage au tribunal. Là encore, seuls les verres jetables en plastique sont mentionnés comme étant concernés par l’interdiction.

Ordonnance contestée

Delhi n’en est pas à sa première mesure pour tenter de venir à bout des déchets en plastique. Ainsi, comme le souligne le portail gouvernemental, après plus d’une décennie de campagne de sensibilisation, plusieurs interdictions ont été émises sur les sacs de plastique depuis 2008, dont la plus importante date de la fin de 2012.

Depuis lors, cette décision est contestée devant les tribunaux par la All India Plastic Industries Association.

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Dans un rapport de 2014, l’ONG indienne Toxics Link démontrait que deux ans après l’adoption de l’interdiction, son efficacité sur le terrain laissait largement à désirer: 62 % des vendeurs et 78 % des consommateurs continuaient de recourir aux sacs de plastique.

Ailleurs dans le monde

Un peu partout à travers le globe, c’est sur le terrain du sac de plastique que le combat se joue généralement: imposition de taxes au consommateur, incitation à l’achat de sacs à multiples usages ou sensibilisation au péril écologique.

En 2002, le Bangladesh a été le premier pays au monde à bannir certains types de sacs de plastique. Parce qu’il est le second plus gros consommateur mondial de sacs de plastique après les États-Unis, la décision du Maroc de les bannir en 2016 — à l’exception des sacs de poubelles et des sacs de congélation — n’est pas passée inaperçue.

En septembre dernier, la France devenait le premier pays à bannir la vaisselle et les couverts jetables en plastique, avec une entrée en vigueur prévue pour 2020. Les sacs dits «de caisse» en plastique à usage unique et non biodégradable sont également totalement bannis des marchés et commerces de l’Hexagone depuis le 1er janvier 2017.

Au Canada, quelques villes ont voté, à ce jour, la suppression des sacs de plastique à usage unique.

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Au Québec, c’est chose faite pour plusieurs, comme Huntingdon et Brossard. Montréal emboîtera le pas en 2018 ainsi que d’autres comme Mont-Saint-Hilaire, Saint-Amable, Saint-Basile-le-Grand, Varennes et Verchères.

Rappelons que fin 2015, les 82 municipalités constituant la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) — soit l’équivalent de la moitié de la population du Québec — s’étaient engagées à interdire les sacs de plastique à usage unique d’ici à avril 2018.

Auteur

  • Rabéa Kabbaj

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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