L’immigration au Canada après la CoViD-19

La Canada va toujours gagner à attirer des immigrants, selon notre chroniqueur.
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Publié 20/04/2020 par Marc-André Ranger

L’histoire du Canada est intimement liée aux flux migratoires. Les seuls «non-immigrants» sont les descendants des Premières Nations. La première d’une série de conférences sur l’immigration a d’ailleurs eu lieu à Ottawa en 1871, soit seulement quatre ans après la naissance du pays.

Dans les gènes du pays

Il serait malvenu de prétendre que le Canada n’est pas un grand pays d’immigration.

En 1875, des éruptions volcaniques rendirent l’Islande pratiquement inhabitable. C’est ainsi que plusieurs ressortissants islandais sont venus s’établir au Canada.

Entre 1885 et 1889, des Juifs qui fuyaient les conditions de vie misérables en Pologne et en Russie arrivèrent au Canada.

Entre 1901 et 1911, c’est plus de 1,2 million de Britanniques qui immigrèrent au Canada.

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Plus tard, le pays accueillit un grand nombre de réfugiés d’un peu partout dans le monde, du Vietnam au Liban.

Aujourd’hui, l’immigration est divisée principalement en trois volets: économique, humanitaire et familiale. Ainsi, en 2018, le Canada a accueilli plus de 321 000 résidents permanents toutes catégories confondues, ce qui représente un nombre record d’admissions depuis 1913!

Immigration et chômage: intimement liés?

Nul ne peut prédire avec certitude à quoi ressemblera le marché du travail canadien après la crise de la CoViD-19. Réalistement, nous pouvons présumer que le taux de chômage restera élevé durant une certaine période, les entreprises ayant été mises à genoux par l’impact économique des mesures de protection.

En période d’incertitude économique, le premier réflexe, hélas, est de condamner toute forme d’immigration.

Récemment, le gouvernement du Québec annonçait son intention de revoir à la baisse les seuils d’immigration. Je vous évite les commentaires disgracieux anti-immigrants que j’ai lus sur Facebook à la suite de cette annonce.

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Ne reste qu’à espérer que le gouvernement du Canada ne succombera pas, lui aussi, à cette tentation populiste.

721 000 étudiants étrangers

Mais prenons le temps de mettre les choses en perspective.

En 2018, plus de 721 000 étudiants étrangers étaient détenteurs d’un permis d’études valide au Canada. Selon une analyse fédérale, les retombées économiques des étudiants internationaux ont presque doublé de 2010 à 2016, atteignant un total de 15,5 milliards $!

Nombre de ces étudiants viennent au Canada notamment dans l’espoir d’y obtenir un enseignement de qualité et de pouvoir éventuellement devenir résidents permanents.

Fermez la porte à cette possibilité, et vous verrez fondre rapidement le nombre d’étudiants internationaux attirés par le pays. En cette période de crise des finances publiques, le Canada a clairement besoin de cet apport massif d’argent neuf arrivé de l’étranger.

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Travailleurs étrangers utiles

Quant aux travailleurs étrangers, ces derniers ont mauvaise presse par les temps qui courent. Après tout, pourquoi faire venir des travailleurs depuis l’étranger, alors que des millions de Canadiens sont au chômage?

Pourtant, gardons à l’esprit que rares sont les entreprises canadiennes qui embauchent des travailleurs étrangers pour le simple plaisir.

Certes, le nombre de travailleurs étrangers sera revu à la baisse dans les circonstances. Notons toutefois que les travailleurs étrangers sont requis au Canada pour deux raisons principales, à savoir:

– pour combler des postes que les travailleurs canadiens ne veulent pas pourvoir, comme en agriculture;

OU

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– pour combler des postes en pénurie, faute d’un maillage adéquat entre les besoins du marché du travail et l’offre de travailleurs qualifiés disponibles. Même si de nombreux Canadiens se retrouvent ou se retrouveront au chômage, on ne devient pas médecin ou ingénieur du jour au lendemain.

Vision à long terme

Quand l’économie tourne à plein régime, il est certainement plus facile d’être un pays généreux. Dans une période de dépression économique, il n’y a pas de mal à vouloir revoir certaines pratiques, incluant l’immigration.

En revanche, la rationalité économique devrait-elle inciter le Canada à complètement fermer la porte à l’immigration? Selon moi, il serait très simpliste de croire qu’une réduction de la population immigrante serait susceptible de résoudre en partie le problème du chômage que le Canada subit.

De plus, nos problèmes démographiques engendrent des problèmes économiques. La crise de la CoViD-19 est temporaire, et un jour ou l’autre, à court ou moyen terme, elle sera derrière nous. Lorsque le Canada choisit un immigrant, ce n’est pas pour sa contribution ou son coût sur un horizon de 12 mois, mais bien sur le long terme.

Pour terminer, il n’y a rien de malsain à discuter du nombre d’immigrants que le pays peut accueillir d’une année à l’autre. Cependant, rappelons que les sociétés qui encouragent davantage l’entrepreneuriat et taxent moins les fruits du travail réussissent généralement mieux sur le plan économique. Peut-être devrions-nous porter davantage attention à cet aspect.

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