Mardi dernier, le 4 novembre, la salle Pierre Léon de l’Alliance française de Toronto était pleine à l’occasion de la projection du dernier film d’Aurélie Resch, Ma part manquante. Un documentaire sur l’histoire d’une femme autochtone adoptée par des Québécois auxquels le gouvernement d’antan fit croire, sans scrupule, qu’elle était mexicaine.
Dans ce film, on voit Jane Dawson qui, jusqu’à ses 34 ans, croyait donc être d’origine mexicaine. Elle raconte comment, encouragée par ses parents, elle s’accrocha de façon ostentatoire à cette culture usurpée allant jusqu’à l’inclure dans son quotidien. Elle grandit ainsi avec ces plats et cette musique ensoleillés. L’été, la voilà partie dans ce pays du Sud et porter l’accoutrement folklorique mexicain.
Elle nous raconte comment elle espérait, au fond de son cœur, retrouver sur les visages latins qu’elle croisait une filiation perdue.
«J’ai rencontré Jane un soir pour le lancement d’un magazine, son histoire m’avait beaucoup touchée. Elle venait à peine de recevoir cette lettre du gouvernement qui lui affirmait qu’elle était autochtone. Elle avait donc bâti sa vie sur 34 ans de mensonges, je lui ai proposé de porter son histoire sur écran», disait Aurélie Resch au public de l’Alliance française.
Dans ce documentaire, Aurélie suit Jane qui s’en va à la recherche de ses racines. Des racines qui l’ont conduite à Betsiamites où elle retrouve son frère biologique ainsi que le lieu où repose en paix, Lorraine, la mère tant rêvée. «Ma vie n’a réellement commencé que quand j’ai découvert que j’étais autochtone. J’ai vendu ma maison de Toronto où je vivais avec ma famille pour m’installer à Betsiamites auprès des gens de ma communauté», disait Jane. L’ironie du sort a voulu que cette femme, qui est parvenue après tant d’années à reconstituer le puzzle identitaire, entreprenne les démarches d’adoption d’un enfant mexicain.