Un quatrième album pour l’humoriste Hunter Collins

Hunter Collins
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Publié 23/06/2018 par Mathieu Guilleminot

Au Canada, l’humour est un domaine très compétitif. Se faire un nom demande beaucoup de travail et de patience. Pourtant, certains y parviennent. C’est le cas de Hunter Collins, humoriste québécois de 35 ans qui fait carrière en anglais.

Depuis plusieurs années, ce passionné de stand-up parcourt le Canada pour transmettre du rire aux gens, mais également pour dénoncer, par le biais de l’humour, la société dans laquelle nous vivons. Son quatrième album, Nincom2oop, est toujours dans cette même logique. Seul son album de 2015, Quenadian, est bilingue.

Premiers contacts

Hunter Collins a 35 ans. Il se souvient très bien de son premier contact avec le monde de l’humour.

«C’était en maternelle. Au cours d’un exercice, on devait raconter une histoire», témoigne-t-il. «À l’époque, je n’ai reçu que quelques rires, alors que je n’avais même pas eu le temps de finir mon histoire! Puis, en huitième année, j’ai fait une autre blague. Et cette fois, c’est toute la classe qui a rigolé. Depuis, je n’ai jamais voulu perdre ce sentiment, et j’ai donc décidé de devenir humoriste.»

Hunter Collins intègre une école d’art à Montréal avant de faire deux années d’études dans le domaine du cinéma. Puis, il entend parler d’un cursus d’humour au collège Humber de Toronto, qu’il rejoint en prenant le stand-up comme spécialité. S’en suivent cinq années d’études, avant d’enfin se produire aux quatre coins du Canada et du monde.

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«J’ai choisi de faire du stand-up parce que c’est une performance proche du public, ça me permet d’interagir avec lui, et lui d’interagir avec moi. Le stand-up me permet d’apporter des rires et de la joie aux gens. C’est une performance assez intime. J’apprécie le contact avec le public.»

Hunter Collins
L’humoriste Hunter Collins

Forte compétition

Pourtant, devenir humoriste n’est pas chose aisée au Canada. «Nous sommes dans un pays où il y a beaucoup d’humoristes très connus», raconte Hunter Collins. «C’est un domaine très compétitif, mais également très hétérogène. On y trouve de tout, des petits artistes à ceux qui sont millionnaires. C’est une culture très présente au Canada, et les chaînes de télévision publiques diffusent beaucoup de sketches.»

«Devenir humoriste au Canada demande beaucoup de travail, et surtout de la passion, car le pays est très grand, et y faire des tournées et très difficile», rajoute Hunter Collins. «Pourtant, beaucoup ne font ça que pour l’argent, et surtout pour véhiculer des messages douteux. Je pense que je suis l’un des derniers humoristes connus à faire ça par passion et parce que c’est amusant.»

Le référendum

Malgré la rude compétition, Hunter Collins a réussi, en quelques années, à s’imposer sur la scène canadienne. Et cela, il le doit à un travail acharné ainsi qu’a un style bien particulier.

Le style et le travail de Hunter Collins sont fortement influencés par les plus grands humoristes québécois, notamment François Pérusse, mais également par le contexte politique houleux de son enfance.

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«J’avais douze ans lors du référendum sur l’indépendance du Québec en 1995», raconte-t-il. «C’était une époque où les humoristes faisaient beaucoup de blagues sur la situation politique. Il y avait deux types d’humour, un avec un message et un autre qui nous permettait de nous évader. Et cela m’a beaucoup inspiré.»

Politique, sexe et race

«Je pense que je peux qualifier mon humour  »d’évasif et sale ». Je fais beaucoup de blagues sur des sujets comme la sexualité, mais j’essaye de mener les gens à réfléchir», nous dit Hunter Collins. Il ajoute qu’il essaye de se prendre le moins possible au sérieux, sans oublier de faire passer un message, pour amener le public à réfléchir sur certains sujets.

Hunter Collins a, comme tous les artistes, ses thèmes de prédilection. «J’aime beaucoup faire des blagues sur la politique, la sexualité ou encore la question de la race», précise-t-il. «Ce ne sont pas des thèmes faciles, parfois assez clivants, mais j’essaye de les amener de manière neutre pour que les gens débattent dessus et y réfléchissent.»

«J’ai bien sûr quelques détracteurs», avoue Hunter Collins. «Mais je pense que ce sont des gens qui réagissent trop vite aux blagues sans attendre la chute. Et en tant qu’homme blanc hétérosexuel, il y a beaucoup de sujets pour lesquels, selon certaines personnes, je suis inapte à aborder», déplore-t-il. «Mais essayer de censurer les humoristes est une erreur. Nous sommes parmi les personnes les plus honnêtes au monde, car on doit dire la vérité. Nous censurer, c’est empêcher le public de grandir.»

Hunter Collins
L’humoriste Hunter Collins en spectacle

Travail d’équipe

Depuis 2010, Hunter Collins a déjà sorti trois albums. Pour son quatrième album, Nincom2oop, l’artiste a voulu tester quelque chose différent. Bien que le style reste similaire aux précédents, c’est sa conception que l’artiste a voulu changer, en adoptant une démarche plus professionnelle.

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«Cet album diffère des autres, car il est le fruit d’un véritable travail d’équipe», explique Hunter Collins.
L’humoriste a réalisé Nincom2oop avec l’aide de comédiens et d’artistes respectés dans le domaine du stand-up canadien. Le résultat est un album de 14 sketches, écrit par ses soins et mis en scène par une équipe de passionnés de stand-up.

«Cet album est comme un voyage», nous dit Hunter Collins. «J’ai voulu prendre mon temps pour l’écrire et tester de nouvelles choses. J’ai par exemple utilisé beaucoup d’effets sonores pour établir un son vraiment clair.»

Ce nouvel album est un nouvel appel à rire, peu importe le sujet. «La vie est courte, et je pense qu’il faut en profiter pour rire», explique Hunter Collins. «Il faut éviter de se fixer des limites. Si on rit sur un sujet, il devient plus facile d’en parler et d’en débattre. Cela permet de dépasser les clivages.

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