L’Homme invisible au TfT: un spectacle «coup de poing»

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Publié 01/04/2008 par Aurélie Goudal

Le Théâtre Francophone de Toronto (TFT), dont la saison 2007-2008 marque le 40e anniversaire, présente en ce moment L’Homme invisible de Patrice Desbiens. Cette pièce, prix de la meilleure production 2005 décerné par le Cercle des critiques de la capitale, fut adaptée du livre paru en 1981 et rédigé par ce poète franco-ontarien de grand talent, né à Timmins en Ontario. Nous nous sommes entretenu avec Roch Castonguay, en charge de l’idéation, de l’interprétation et de la mise en scène et avec Guy Mignault, directeur du TFT, lors de la première qui s’est déroulée ce vendredi 28 mars 2008.

L’Homme invisible, «c’est vraiment la quête de l’être, comment être, comment vivre, ces difficultés de la vie que tout le monde connaît. C’est ça qui le rend invisible.»

Roch Castonguay résume un des multiples thèmes soulevés dans cette pièce traitant du périple d’un Franco-Ontarien qui le mène de Timmins à Toronto puis Québec.

Elle soulève la question des crises identitaires et du positionnement au sein de diverses influences culturelles.

Les interprètes sont côte à côte et se font écho en anglais et en français, les deux langues maternelles du personnage. Cette particularité du jeu, ainsi que dans le choix de la mise en scène offrent de plaisantes surprises.

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L’effet miroir permet d’évoquer des subtilités de langues qui traduisent également la complexité du propos. Qu’il s’agisse d’expressions franco-ontariennes, québécoises ou anglaises, le public ne se lasse pas de certains traits d’esprits évoquant le métissage linguistique.

Pour reprendre l’expression de Guy Mignault, cette pièce fait partie de ces spectacles qu’on peut appeler «coup de poing» car «elle nous amène à penser qu’on est à une comédie plus ou moins légère et tout à coup on nous donne un petit coup de poing».

En effet, les expériences du personnage sont au départ abordées sur le ton de la comédie (découverte des femmes, des plaisirs de la vie).

Puis surviennent des événements plus dramatiques, dont le déracinement, la pauvreté, l’alcool ou encore le «delirium Timmins».

Enfin, le décor se résume à la présence de deux escabeaux (supports des acteurs) et d’un pupitre occupé par le musicien.

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On est ainsi forcé de porter notre attention sur la langue et l’effet de visibilité/invisibilité des personnages suggéré par l’éclairage.

Comme le soulignait Roch Castonguay, «c’est une péripétie menée grâce à une langue très particulière, économe, d’une efficacité redoutable».

Il est en effet tout à fait exceptionnel de voir une telle profusion de messages symboliques en l’espace de 65 minutes.

Il est encore plus étonnant d’arriver à rendre visible l’invisible au moyen d’un décor minimaliste. Cette représentation du théâtre franco-ontarien est une prouesse artistique à ne pas rater.

L’Homme invisible de Patrice Desbiens est une création du Théâtre de la Vieille 17 en collaboration avec le Théâtre français du Centre national des arts d’Ottawa. La pièce a été présentée entre autres à Montréal, Québec, Ottawa, Sudbury, Moncton, Jonquière, Ste-Thérèse, Vancouver et Edmonton. Le TFT la présente jusqu’au 6 avril 2008 (www.theatrefrancais.com).

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