L’Express a eu 30 ans ce mois-ci

Quand Toronto fermait un petit peu trop tôt...

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Publié 28/03/2006 par l-express.ca

L’hebomadaire L’Express a marqué son trentième anniversaire, au mois de mars, en s’offrant un nouveau site Internet, www.lexpress.to, qui augmente la portée du journal, le principal média d’information des francophones du Grand Toronto.

Rappelons que c’est en mars 1976, au sous-sol de la maison louée par l’Alliance française de Toronto, rue Charles, que Jean Mazaré, alors étudiant au Ontario College of Art et graphiste au journal Courrier Sud, qui venait de se saborder, a produit le premier numéro du Toronto Express qui allait devenir L’Express.

C’est évidemment de lui que vient le soin porté à la présentation graphique et la mise en page, mais aussi l’idée qu’un journal francophone, n’importe où au Canada mais a fortiori dans une métropole moderne comme Toronto, ne pouvait pas être seulement un «bulletin paroissial» et devait, comme les journaux de la majorité anglophone, traiter de tous les sujets: le communautaire comme le national, les arts et les affaires, les relations internationales autant que les revendications linguistiques.

Or, un Québécois s’installant à Toronto en 1976 découvrait une francophonie que la «Révolution tranquille» semblait avoir oubliée. Toronto n’était pas encore la ville la plus multiculturelle du monde et, comme chantait Robert Charlebois, «si je me rappelle bien, ça fermait un petit peu trop tôt».

Pierre Elliot Trudeau était premier ministre du Canada, Bill Davis premier ministre de l’Ontario, David Crombie maire de Toronto. Montréal se préparait à accueillir les Jeux Olympiques. Le Québec allait élire René Lévesque…

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Omer Deslauriers venait de déménager à Toronto en tant que président du nouveau Conseil des affaires franco-ontariennes. On allait bientôt obtenir des tribunaux bilingues. CANO chantait Tous dans le même bateau.

La francophonie torontoise gravitait en ce temps-là autour de quelques pôles:
– les paroisses Sacré-Coeur au centre-ville et Saint-Louis-de-France à North York;
– des écoles relevant de conseils scolaires anglophones, dont une première école secondaire, Étienne-Brûlé;
– le Théâtre du Petit Bonheur, devenu le TfT, à la Cour Adelaide;
– la radio française de Radio-Canada dans l’édifice qui appartient aujourd’hui au Collège français;
– l’Alliance française de Toronto et ses «Français de France»;
– un nouveau COFTM (Conseil des organismes francophones du Toronto métropolitain) et son Centre francophone, au pied de la rue Spadina, avec sa crêperie, ses spectacles et ses services, qui allait supplanter le centre culturel La Chasse-Galerie de Micheline St-Cyr;
– la librairie Champlain, rue Church à l’époque, dont le propriétaire, Charles Arsenault, était aussi conseiller scolaire catholique…

Courrier-Sud avait tenté pendant cinq ans d’unir tout ce beau monde, mais sans succès. «Trop de chefs, pas assez d’Indiens» se souvient Jean Mazaré, à qui divers membres du conseil d’administration demandaient souvent des changements contradictoires à la mise en page. Le premier numéro du Toronto Express est sorti la même semaine que le dernier de Courrier Sud.

La direction de Radio-Canada était sous le choc: Toronto Express était le nom, encore secret, que devait porter sa nouvelle émission du matin! Qu’à cela ne tienne, CJBC fut l’un des tout premiers annonceurs dans le journal, avec notamment la Librairie Champlain.

L’Internet n’existait pas en 1976, le télécopieur non plus! Le journal était produit sur des machines qui ressemblaient à de gros réfrigérateurs à clavier, d’où sortait, sur du papier photo, des textes en colonnes de diverses largeurs qu’il fallait laisser sécher, couper et coller sur des pages de carton (autour des publicités reçues dans divers formats). Les photos étaient traitées séparément (sur une machine encore plus massive) et collées sur ces pages à côté des titres et du texte. Une fois montées, les pages était livrées à l’imprimerie où elles étaient photographiées pour produire les films qui allaient servir à créer les plaques de métal destinées aux rotatives…

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Aujourd’hui, textes, photos et mise en page sont bien sûr créés et assemblés à l’écran. La version électronique finale du journal est envoyée par courriel le lundi soir à l’imprimerie. Le journal est acheminé à nos distributeurs dès le mardi matin. Le site internet est actualisé ce même jour.

L’Express a eu deux types de boîtes distributrices fort remarquées aux coins des rues pendant plusieurs années. Quand le climat politique tournait au vinaigre, par exemple au cours d’un référendum québécois, elles étaient parfois vandalisées. C’est toutefois pour des raisons pratiques qu’elles ont été remplacées par d’autres points de distribution.

Originaire de Roumanie, Jean Mazaré est toujours actif au sein de l’entreprise, mais c’est son fils Jean-Pierre, un ancien étudiant de l’école secondaire Étienne-Brûlé, qui est aujourd’hui éditeur du journal et gère les activités de son imprimerie, Centra Web.

Les chroniqueurs pigistes et leur expertise dans divers domaine (musique, théâtre, voyages, économie, langue française, gastronomie, etc.) ont toujours représenté la marque de commerce de L’Express, complétant et renforçant la plus petite équipe de journalistes professionnels plus généralistes.

François Bergeron, qui a été directeur du journal pendant une quinzaine d’années jusqu’en 1998, se consacre à sa maison d’édition et de communications Publisher Friendly mais reste encore associé au journal. François Taisne et Édouard Apanazwewski ont secondé Jean Mazaré au cours des trois premières années. Le poète franco-ontarien Patrice Desbiens a aussi été rédacteur en chef de L’Express à cette époque. De la rue Charles à l’avenue Broadview, puis aux locaux actuels au 2e étage du 17 avenue Carlaw, Yves Bonneau, Mylène Moisan, Caroline Fortin, Rose Bergeron, Serge Boudreau, Catherine Bachaalani, Laurence Dupin se sont succédés à la barre de la rédaction avant la patronne actuelle, Magdaline Boutros, secondée par Marta Dolecki.

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On retrouve aujourd’hui ces anciens journalistes de L’Express en charge du journal en ligne de l’Université de Trois-Rivières, rédactrice en chef adjointe du magazine Châtelaine, reporter au quotidien québécois Le Soleil, avocate à Montréal, ou encore rédactrice en chef d’un hebdomadaire régional en Normandie! Du côté de l’administration, Aklilou Etaya, Dana Mazaré et Ester Vlad font partie de l’équipe depuis plusieurs années.

En 2003, la Chambre économique de l’Ontario a élu L’Express «entreprise de l’année» dans tout le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario. En 2001, l’organisme national Impératif français lui a décerné son prix Lyse-Daniels «pour marquer sa contribution au rayonnement de la langue et de la culture françaises en Ontario». Dans le passé, la Société d’Histoire de Toronto, le Secrétariat d’État du Canada, le ministère de la Citoyenneté de l’Ontario, la Ville de Toronto, le Canadian Ethnic Journalists and Writers Club, le Toronto Board of Education et d’autres institutions ont récompensé le journal ou le travail de ses journalistes.

Mais c’est bien sûr la communauté francophone et francophile du Grand Toronto qui, en souhaitant et en appuyant un journal urbain et moderne, est la grande responsable du succès de L’Express. Merci et bravo à tous nos lectrices et lecteurs pour ces premiers 30 ans!

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