Le Franco-Ontarien David Ménard a décroché sa maîtrise en lettres françaises à l’Université d’Ottawa en 2008. Sa thèse intitulée Sarcophages mon amour, nous aurons vécu nous non plus suivi de L’analyse du vide postmoderne constitue les prémices de son premier roman: Nous aurons vécu nous non plus.Très court (80 pages), ce roman est avant tout un exercice de style.
Jetant leurs mots sur le papier comme des bouteilles à la mer, les trois personnages qui composent ce roman épistolaire sont des mal-aimés, mal qui se concentre sur leurs désirs et leurs douleurs. Chacun monologue dans sa zone de sensibilité aiguë, la tête qui tire à hue et le corps à dia.
Pendant ce temps, nous assistons à la lente chute dans le vide d’Ovide-Lyre, exilé dans l’Est de l’Ontario où il cuve son amour à sens unique pour Honey-Comble, chantre gai des villes de nuit. Il puise sa seule consolation dans les lettres de sa meilleure amie Vava-Cuitée.
David Ménard a créé des personnages qui sont les dignes représentants d’une génération désenchantée. Ils incarnent ces êtres charnels dépositaires d’un mal de vivre sans exutoire, si ce n’est celui des bars, de l’alcool et des baises entre partenaires indifférents.
Après avoir décrit la chorégraphie typique qui prévaut dans les bars gais, où les «corps se heurtent constamment les uns contre les autres sans jamais vivre cependant la grande collision à deux», l’auteur note que les bars constituent l’anagramme du mot bras et «qu’ils peuvent donc attraper, pétrir ou rompre quiconque à souhait».