Lever le «tabou» de la réforme constitutionnelle

Le projet du gouvernement du Québec pour le 150e du Canada

Le ministre québécois Jean-Marc Fournier à Glendon vendredi.
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Publié 02/10/2017 par François Bergeron

Après l’isolationnisme et les confrontations, le Québec entend exercer au sein du Canada un «leadership inédit» fondé sur un dialogue soutenu avec les autres membres de la fédération canadienne, pour finir par lever le «tabou» de la réforme constitutionnelle.

C’est ce qu’a indiqué vendredi au Collège Glendon le ministre québécois des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Jean-Marc Fournier, qui inaugurait deux jours de conférences sur «les défis constitutionnels et de gouvernance du Canada après 150 ans».

Le colloque bilingue était organisé par l’École d’affaires publiques et internationales de Glendon, un événement qui «pose la question du Canada de demain» et qui fait écho, a souligné M. Fournier, «à l’appel au dialogue» sur l’avenir du pays lancé par le gouvernement du Québec dans sa Politique d’affirmation du Québec et de relations canadiennes, dévoilée plus tôt cette année.

Des solitudes aux solidarités

«Nous avons au fil du temps beaucoup parlé de nos solitudes. L’avenir commande que l’on aborde aussi nos solidarités.» Sous les Libéraux de Philippe Couillard, le Québec promet donc de participer au développement de «rapports constructifs, harmonieux et mutuellement bénéfiques entre tous les partenaires de la fédération canadienne».

Surtout que la vision du Québec d’un monde «plus ouvert, plus vert, plus prospère et plus égalitaire» rejoint celle des autres Canadiens, a confirmé la Première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, dans son discours «historique» devant l’Assemblée nationale du Québec le 21 septembre dernier.

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M. Fournier veut tout de même cultiver une «conception québécoise du fédéralisme canadien» et gagner les autres provinces à sa cause.

Encore un enjeu

«La question de la place du Québec au Canada demeure un enjeu et un élément distinctif de nos relations canadiennes», dit-il. Et pour le Québec, le Canada «n’est ni un État mono-national ni un État post-national», mais bien «un État plurinational… Il l’a toujours été: avant 1867 et après».

Or, si la Chambre des communes a reconnu en 2006 que le Québec formait «une nation distincte dans un Canada uni», cette nation, «le Canada tarde toujours à l’accueillir formellement», le Québec n’ayant toujours pas validé la Constitution de 1982.

Représentant d’un parti et d’un gouvernement fédéraliste, M. Fournier refuse d’avoir à choisir entre être Québécois et être Canadien, et il propose un modèle de pays «qui reconnaît avec confiance et donne sa place à la diversité de ses composantes nationales».

Embrasser l’asymétrie

La défense et l’épanouissement de la langue française demeurent «un défi permanent» pour le Québec, assure le ministre. «Chaque fois que cela s’avérera nécessaire», promet-il, «le Québec privilégiera l’asymétrie comme moyen d’atteindre une égalité réelle et d’assurer le progrès de la fédération».

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L’asymétrie profite à toutes les provinces, fait-il valoir, parce qu’elle permet de réduire les tensions politiques indues.

Par ailleurs, le Québec favorise aussi les échanges d’universitaires, de fonctionnaires et d’entrepreneurs avec les autres provinces, ce qui contribuerait à «briser le tabou de la place du Québec au Canada».

Déjà, chaque année, le Québec exporte pour 40 milliards $ de biens et services en Ontario et il importe pour 43 milliards $ en retour. Donc, chaque jour, des milliers de Québécois et d’Ontariens «collaborent, échangent, discutent et travaillent ensemble».

Rare avantage

Le Canada bénéficie du rare avantage de posséder «une fenêtre sur le monde anglophone et une fenêtre sur le monde francophone», fait-il valoir. «Il est dans l’intérêt de tous les Canadiens de profiter des retombées économiques, sociales, culturelles et environnementales découlant de ce pont sur le monde.»

Pour ce faire, répète-t-il, le modèle fédéral canadien peut être «perfectionné» par une éventuelle reconnaissance de la «réalité nationale» du Québec – avec la reconnaissance d’autres composantes de la société canadienne comme les Premières Nations – dans une Constitution qu’un gouvernement québécois pourrait enfin signer.

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Le gouvernement fédéral et les provinces tardent, jusqu’à maintenant, à répondre à l’appel du Québec à la reprise du dialogue national sur la réforme constitutionnelle… mais cela pourrait bientôt bouger de ce côté, assurent à L’Express des sources proches du ministre Fournier.

La conférence de Glendon sur les défis de gouvernance du Canada aorès 150 ans.
La conférence de Glendon sur les défis de gouvernance du Canada aorès 150 ans.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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