Lettre à ma petite-fille en temps de pandémie

Jour de la Terre

Artiste à l'oeuvre le 22 avril, Jour de la Terre.
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Publié 23/04/2020 par Annik Chalifour

À ma petite-fille, 4 ans, née un soir d’automne en Ontario, d’une maman québécoise – ma fille – et d’un papa antillais francophone, cadette de la famille, précédée par trois grands frères.

Parmi ses trois prénoms, elle porte celui de feu ma mère, Suzanne. C’est aussi le 2e prénom de ma fille et mon 3e prénom. Une forme d’éternité illusoire…

Chère Suzanne

Ma petite-fille, tu grandis trop vite, beaucoup trop loin de mes yeux. Heureusement ta maman m’envoie souvent des photos de toi.

Tu apprends à compter sur l’ordinateur avec l’aide à distance de ton professeur. Tu peins des animaux sur papier, surtout les chevaux que tu adores! Tu joues avec tes nombreuses amies poupées Barbie.

Tu fais des biscuits maison au gingembre. Tu décores un immense brownie pour l’anniversaire de papa.

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Tu danses telle une ballerine dans la cuisine. Tu sors en plein air tous les jours, strictement en compagnie des grands frères…

Masque par Suzanne, avril 2020

Le temps passe trop lentement et trop vite à la fois. Ma chérie, tu ne sais pas qu’aujourd’hui, partout dans le monde, des milliers de gens meurent d’un virus inconnu.

Tu ne sais pas non plus pourquoi les écoles, parcs de jeux, le centre communautaire, la bibliothèque de ton quartier, les magasins, sont fermés depuis bientôt deux mois et le resteront un certain temps indéterminé…  Pourquoi les amis ne viennent plus à la maison… pourquoi ta voisine préférée ne vient plus tresser ton abondante chevelure bouclée…

Tresses printanières, mars 2020

Comment t’expliquer que notre Terre est contaminée… que le monde mène une guerre contre un virus invisible, alors que tu continues de rire, sauter, danser comme une petite fille heureuse, en pleine santé.

Dans ta vie actuelle, il n’y a que maman, papa, et les trois grands frères… Et c’est ce qui compte! Toutefois tu me demandes souvent par téléphone si tu peux venir faire un dodo chez moi… Je ne sais pas quoi te répondre… La vie n’est plus comme avant…

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Tu sais, aujourd’hui mercredi 22 avril 2020, c’est le 50e anniversaire du Jour de la Terre. C’est une belle journée en ce printemps hors de l’ordinaire. Le soleil brille dans le ciel bleu sans nuages, pourtant il fait froid…

Je t’écris pour te redire que je t’aime même si on ne peut pas se voir ni rigoler ensemble. Un jour on se reverra, je l’espère, mais je ne sais pas quand…

Entre-temps, prends bien soin de ton entourage. Quand la chaleur reviendra, retourne jardiner avec maman dans la cour. Apprends à cuisiner maison. Amuse-toi en bricolant tes propres créations avec les bouteilles de plastique, cartons, boîtes d’œufs, litres de jus rangés dans votre bac à recyclage.

Continue de créer selon tes sentiments. Aime et respecte ton milieu de vie.

Suzanne et ses petits amis

Reste passionnée, confiante et solidaire. La vie reprendra son élan, éventuellement… Et quand cela arrivera, tu seras d’autant plus forte et résiliente. Tu sauras compter sur toi-même. Tu sauras faire face à la vie, sage et sereine.

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Tu vivras de ton âme d’artiste – comme celle de Suzanne – que je perçois déjà. Tu exerceras tes talents, garant de ton destin prometteur comme pour tous ceux qui sauront aimer et respecter la Terre. Car c’est la Terre qui mène la vie, et non l’inverse.

Gros bisous,

Mamie

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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