L’été et ses dérivés

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Publié 29/06/2010 par Martin Francoeur

Enfin, diront certains. La belle saison est arrivée. L’heure est aux vacances, à la chaleur, au camping, à la crème glacée, à la baignade, aux petits ou grands voyages. Il fait clair tard. Le temps est parfois chaud et humide. Et pour l’auteur de ces lignes, cela signifiera une petite pause pour mieux vous retrouver en septembre.

Je parle bien sûr de l’été. Évidemment, je n’allais pas manquer l’occasion de m’intéresser à ce mot sur le plan étymologique. Et à sa panoplie de dérivés.

Le Dictionnaire historique de la langue française nous apprend que le mot «été» représente l’«aboutissement» et a d’abord été aperçu vers 1080 sous la forme «ested». Moins d’un siècle plus tard, on le retrouvait écrit «esté». Le mot viendrait du latin «aestatem», accusatif de «aestas», qui signifie «été».

L’ouvrage nous dit aussi que le mot se rattache aussi à une forme indo-européenne, «aidh», qui signifie «brûler» et que l’on retrouve dans la formation de certains autres mots comme «édifier», «édile», «estuaire» ou «éther».

Masculin par conformisme

À l’origine, le mot «été» était vraisemblablement de genre féminin. Si on l’emploie aujourd’hui au masculin, c’est probablement dû au fait que tous les autres noms de saisons sont masculins.

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L’usage aurait fait en sorte qu’on a naturellement harmonisé le genre des noms de saisons: un hiver, un printemps, un automne et un été. C’est d’ailleurs un bon moyen de retenir que «été», «automne» et «hiver» sont masculins. Cela peut éviter certaines interrogations ou emplois fautifs.

Là où ça devient intéressant, c’est lorsqu’on regarde la formation de mots de la même famille qu’«été». À commencer par l’adjectif «estival», qui est un emprunt au latin «aestivalis», qui lui-même signifie «relatif à l’été». L’emprunt en question daterait du début du douzième siècle.

Un adjectif et un verbe

Il est intéressant de noter qu’en français, «estival» a toujours conservé le sens exact de son ascendant latin: relatif à l’été.

Au pluriel, l’adjectif «estival» ou «estivale» donne «estivaux». Et de ce mot serait né le mot «estivau», qui désigne un poisson, littéralement un «alevin d’un été». Le terme est surtout employé en pisciculture.

Toujours dans la liste des dérivés, on retrouve un verbe, «estiver», qui vient du latin classique «aestivare», signifiant «passer l’été». Le verbe, en fait, signifie aujourd’hui «faire passer l’été aux animaux dans des pâturages de montagne». De ce verbe serait issu l’«estivage», qui désigne l’acte en question. Le mot serait passé au français par le biais du provençal «estivar».

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En botanique, on retrouve l’«estivation», qui désigne la préfloraison. Employé aussi en zoologie, ce même mot désigne l’engourdissement de certains animaux pendant l’été.

Estival et festival

Quant au participe présent du verbe «estiver», il est devenu un nom au début du vingtième siècle. Un «estivant» ou une «estivante» est une personne qui passe l’été ou une partie de l’été dans une station de villégiature. De nos jours, on pourrait dire que les campeurs saisonniers sont des estivants.

Le nom a servi de titre à une pièce de théâtre de Maxim Gorki, Les Estivants, dont l’action se passe justement dans une station de villégiature.

Notons enfin qu’il n’y a pas de parenté étymologique entre «estival» et «festival», bien que les deux vont souvent de pair. Nombre de festivals ont lieu en été. Ce sont donc des «festivals estivaux».

À tous, un excellent été!

Je vous souhaite de profiter de l’été. Au Canada, il est si furtif. Je vous souhaite du repos, du bon temps en couple, en famille ou entre amis. Je vous souhaite de prendre du soleil mais pas trop, de vous rafraîchir dans une piscine ou à l’ombre d’un arbre. Je souhaite que les moustiques vous épargnent, que le smog ne vous affecte pas trop, que l’humidité soit supportable.

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J’anticipe le plaisir de vous retrouver en septembre, après une pause que j’apprécie toujours. Sachez toutefois que je prends toujours mes messages par courrier électronique. N’hésitez donc pas à me faire part de vos commentaires et de vos suggestions. Et de vos interrogations, aussi. Il me fait toujours plaisir, au meilleur de mes capacités, de tenter d’y répondre.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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