Les Plasticiens à Markham: on s’est habitué à leur audace

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Publié 28/05/2013 par Véronique Tomaszewski

Le 10 février 1955, les artistes montréalais Louis Belzile, Fernand Toupin, Jean-Paul Jérôme et Jauran signaient le Manifeste des Plasticiens. Tous fascinés par la possibilité plastique d’épurer les éléments visuels, leur ordre et leur forme, ces jeunes artistes d’alors ont ressenti la nécessité de donner corps à leurs intuitions en travaillant les uns avec les autres, à contre-courant des goûts de l’époque.

Depuis samedi et jusqu’à la fin de l’été, la galerie Varley de Markham présente une exposition sur ce courant artistique. Dimanche, la galerie invitait un panel d’experts à discuter de l’importance du mouvement des Plasticiens des années 1950-1960 à Montréal et au-delà.

Ce mouvement abstrait exprime l’importance essentielle du moment présent, du geste créateur, du mouvement, dans l’articulation et l’agencement des couleurs et formes primaires et primales.

Par la suite, d’autres artistes comme Fernand Leduc, Marcel Barbeau et Guido Molinari ont rejoint et contribué à cette avant-garde.

Roald Nasgaard, historien d’art, panelliste et conservateur de l’exposition, a présenté avec finesse la sensibilité et la vision de ces artistes en posant la question suivante: objets ou peintures?

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Cercles, carrés, lignes

Il a judicieusement juxtaposé les œuvres et les nuances de tableaux aux cercles concentriques, aux carrés imbriqués les uns dans les autres, aux lignes droites verticales et horizontales, pour jouer avec notre sens de la perspective, du mouvement, du regard, et avec «la suspension momentanée de notre jugement, trompé par l’apparente simplicité des arrangements géométriques.»

Anna Hudson, historienne de l’art canadien à l’Université York, a mis en évidence le rôle de l’abstraction dans le mouvement plasticien, comme mode d’expression d’une conscience sociale.

À l’époque, par contraste avec la figuration de l’après-guerre et l’avant-garde contestataire des années 1940, les Plasticiens peuvent être perçus historiquement comme «le Haut-Modernisme canadien», selon la prof Hudson.

Retentissement mondial

Les panélistes ont ainsi permis de faire le lien entre la conscience et la représentation sociale de ces artistes nord-américains et leur poids historique dans l’évolution du langage plastique moderne, une influence qui s’est étendue au-delà de Montréal, jusqu’à Vancouver et New York, avant de traverser l’Atlantique et le Pacifique.

Mark Cheetham, modérateur et historien de l’art à l’Université de Toronto, a tissé le lien sémantique entre les deux présentations. Dans l’assistance se trouvaient de fervents collectionneurs et amateurs d’abstraction canadienne, des artistes et autres spécialistes de l’art.

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Leurs questions et commentaires ont dynamisé la rencontre et donné vie à la réalité du mouvement toujours aussi électrisant aujourd’hui, même si notre sensibilité visuelle s’est maintenant habituée à l’audace des Plasticiens.

Copiés et imités

Ils ont été copiés, reproduits et imités depuis un demi-siècle en design, en architecture, dans la mode, dans la culture populaire, mais ils demeurent toujours aussi prisés pour nous permettre d’échapper de la confusion des sens et de s’émanciper dans ces couleurs et ces formes fondamentales parce que pures et vraies.

Véronique Tomaszewski est professeure de sociologie de l’art au Collège Glendon de l’Université York.

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