Les Olympiques en mode diversité

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Publié 10/08/2016 par Isabelle Burgun

La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Rio a réservé plus d’une surprise, parmi lesquelles la participation remarquée de Lea T. Ce mannequin brésilien, Leandra Medeiros Cerezo, est la première personne transgenre à ouvrir cette consensuelle cérémonie.

Mais ce qui semble traduire un signe d’ouverture à un genre plus large chez les sportifs s’avère trompeur, car l’intersexualité divise toujours autant le monde du sport d’élite.

C’est en athlétisme que la bataille fait particulièrement rage. Les athlètes qui tombent entre les pistes des genres attisent la polémique.

Les experts médicaux du Comité international olympique (CIO) soutiennent que les transgenres peuvent participer, sans problème aucun pour les hommes qui deviennent des femmes, mais avec un peu plus de difficulté pour le changement inverse – d’homme à femme.

Déjà, aux J.O. de Londres, les athlètes étaient sommés d’afficher leurs couleurs, ou plutôt leur genre, lors de leur inscription.

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Les tests de contrôle de genre sont imposés aux sportives depuis 1966. Cette obligation, que les Jeux olympiques de Sydney avaient mise de côté en l’an 2000, fait l’objet d’une nouvelle règlementation depuis les Jeux de 2012 – et même un peu plus tôt, aux championnats du monde d’athlétisme d’Athènes en 2011.

Les conditions d’admission des athlètes féminins montrant des signes d’hyperandrogénie – une production trop importante d’hormones mâles, particulièrement de testostérone – y sont décrites dans le détail. Si la sportive n’est pas «conforme», elle ne participera pas !

Le cas de Semenya

Ces nouvelles règles des Jeux tentent d’encadrer les athlètes qui, comme la Sud-Africaine Caster Semenya, possèdent une musculature et une morphologie défiant les cadres stricts de la catégorie «femme».

La championne du monde de 800 mètres féminin en 2009, qui a été reconnue comme une femme à sa naissance – et élevée comme telle – présente de nombreuses caractéristiques masculines: apparence et voix masculines, biceps développés, etc.

À elle seule, l’athlète personnifie la problématique complexe qui entoure la vérification du sexe dans le sport. Semenya est devenue la représentante de l’hyperandrogénie – presque à son corps défendant.

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Elle ramène en avant de la scène de nombreuses questions: à quel niveau de testostérone cesse-t-on d’être une femme? Si le corps en produit naturellement «en excès», doit-on prescrire des médicaments (qui répriment cette hormone) à ces sportives? Devrait-on enregistrer une nouvelle catégorie d’athlète?

Sur la même ligne d’arrivée, il y a aussi la coureuse indienne Dutee Chand, que la fédération olympique a soumise à une humiliante vérification de genre.

En plus d’évaluer son niveau de testostérone, l’athlète a subi une batterie de tests tels que des analyses de sang et de chromosomes, mais aussi un examen gynécologique très poussé.

Une supériorité pas démontrée

En regard des résultats montrant un trop haut taux de testostérone (pas rendu public), la fédération a disqualifié Dutee Chand.

Une décision renversée récemment par le tribunal arbitral du sport, qui a jugé que cet «avantage naturel» ne faisait en rien d’elle un homme et que les preuves scientifiques manquent encore pour démontrer que cela améliore ses performances sur la piste de course. Une première dans le monde stéréotypé du sport!

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Pour la première fois, à Rio, des athlètes transgenres sont épaule à épaule avec les autres. Il n’existerait d’ailleurs aucune preuve que ces sportives dépassent les autres athlètes, une récente étude démontre même l’inverse: pas de supériorité des coureuses transgenres sur les autres.

Alors qu’au Canada et ailleurs, la place des transgenres progresse, le petit monde du sport de haut niveau a du mal à s’adapter. Les portillons des Olympiques s’ouvrent un peu à Rio, ce qui pourrait donner une impulsion gagnante pour les autres compétitions et championnats sportifs.

Auteur

  • Isabelle Burgun

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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