Si on sait depuis longtemps que l’humain n’est pas le seul animal à utiliser des outils, on vient peut-être d’identifier le seul autre animal dont les outils peuvent survivre au passage du temps et tomber du coup entre les mains des archéologues.
Dans la dernière édition du Journal of Human Evolution, une équipe de six chercheurs britanniques et thaïlandais affirme en effet avoir effectué la première fouille permettant de conclure à l’existence d’outils de pierre utilisés par au moins deux générations de macaques. Autrement dit, une pratique transmise du parent à l’enfant — soit la définition d’une «culture», dans le langage des biologistes.
Les «outils» identifiés ailleurs dans le monde, ces dernières décennies, étaient plutôt de ceux qui disparaissent sans laisser de traces — une branche d’arbre pour fouiller une termitière ou une feuille pour recueillir de l’eau, par exemple. Alors que les «outils de pierre» de l’île de Piak Nam Yai, en Thaïlande, remontent à au moins 60 ans, d’après les fouilles.
Des témoignages d’un tel comportement chez ces macaques crabiers (ou macaques à longue queue) remontent à plus d’un siècle. Ces singes utilisent ces cailloux pour, par exemple, ouvrir des huîtres, des crabes ou des noix. On avait pour la première fois documenté ce comportement chez des chimpanzés de Côte d’Ivoire, il y a une quinzaine d’années.