Les langues autochtones s’affichent dans le Grand Nord

Nììkè! Depuis quelques semaines, des panneaux d’arrêt bilingues anglais-wiìliìdeh sont progressivement installés à Yellowknife. Photo: Cécile-Antoine Meyzonnade, L’Aquilon
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Publié 28/07/2020 par Nelly Guidici

Du Yukon au Nunavut en passant par les Territoires du Nord-Ouest, les langues autochtones sont de plus en plus visibles.

Leur intégration au paysage urbain est un symbole d’engagement envers les peuples autochtones, mais aussi une tentative de contrer le déclin de ces langues en situation précaire.

Nunavut

Au Nunavut, en vertu de la Loi sur les langues officielles de 2008, une municipalité se doit d’offrir ses communications et ses services municipaux dans une langue officielle lorsqu’il y a une demande importante pour cette dernière, ce qui est le cas pour le français, l’anglais et l’inuktitut à Iqaluit.

«Dans la capitale, les panneaux de signalisation routière sont donc généralement trilingues (inuktitut, anglais et français), indique le directeur des langues officielles au gouvernement du Nunavut, Stéphane Cloutier. Les enseignes sur les édifices municipaux sont aussi généralement trilingues, comme au centre aquatique ou à l’aréna.»

Malgré la présence d’un panneau de signalisation routière bilingue en centre-ville de Whitehorse, la municipalité n’a pas prévu d’installer d’autres panneaux. Photo: Nelly Guidici, L’Aquilon

Pour le plus jeune des trois territoires, la Loi sur la protection de la langue inuite, qui vise à inclure la langue inuite de façon uniforme à travers le territoire, s’applique pour les municipalités.

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Cette loi stipule que «sans égard au volume ni au niveau de la demande, les municipalités mettent à la disposition du public, en langue inuite, les plaques de rue, les cartes et les panneaux de signalisation routière qui peuvent être fabriqués ou acquis par la municipalité».

Lors du recensement de Statistique Canada en 2016, il a été établi que la majorité des 39 770 locuteurs de l’inuktitut provenaient du Nunavut et du Québec. L’inuktitut est la deuxième langue autochtone la plus parlée au Canada, après le cri, et fait figure d’exemple à suivre au chapitre de la présence dans l’espace public.

Territoires du Nord-Ouest

Le 24 juin dernier, Rebecca Alty, mairesse de Yellowknife, annonçait l’installation de panneaux de signalisation bilingues, en anglais et en wiìliìdeh yatiì devant la mairie.

«La mise en place de ce panneau fait partie de notre plan de réconciliation. Les panneaux d’arrêt de la ville seront changés au fur et à mesure et nous avons fait une commande de 40 signes», précise Mme Alty.

Yellowknife, capitale et plus grande ville des TNO, sur la rive nord du Grand Lac des Esclaves.

Cette initiative a généré beaucoup d’enthousiasme parmi les résidents de la capitale, qui avaient émis le souhait d’avoir une présence des langues dénées plus grande au cœur de la ville.

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«Mon message a généré beaucoup de commentaires sur Facebook et c’était important», précise Mme Alty, dont l’annonce a été relayée par 59 personnes sur le média social.

Cependant, l’initiative ne compte pas s’arrêter là, selon le chef de la Première Nation des Dénés Yellowknives, Ernest Betsina, impliqué dans le projet : «Ce n’est qu’un début! Nous sommes en bonne relation avec la mairesse et nous avons le projet de changer certains noms de rue dans le futur», mentionne-t-il en entrevue.

Yukon

«C’est un plaisir de vous voir», peut-on lire à l’entrée de la ville de Whitehorse, capitale du Yukon. «Shro Kwàthän Ni I» est la formule de bienvenue en tutchone du Sud, langue parlée par les membres de la Première Nation de Kwanlin Dün et du Conseil Ta’an Kwäch’än.

Ajoutée au panneau déjà existant à l’entrée de la ville en janvier 2019, cette formule «est un symbole de notre engagement les uns envers les autres et envers tous les résidents et les visiteurs de Whitehorse», indique le maire de la capitale, Dan Curtis.

La ville de Whitehorse accueille les visiteurs par un message bilingue en anglais et en tutchone du sud. Photo: Nelly Guidici, L’Aquilon

En revanche, en ce qui concerne les panneaux de signalisation routière, seul un panneau d’arrêt est traduit et la municipalité n’a pas prévu d’en faire plus.

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«Il n’y a actuellement aucun plan pour installer plus de panneaux de signalisation bilingues à Whitehorse», précise Myles Dolphin, responsable de la communication stratégique à la municipalité.

Les langues autochtones sont pourtant en situation précaire au Yukon et le Native Language Centre propose des sessions de formation ainsi que des capsules vidéo afin de revitaliser les huit langues autochtones du territoire. Dans son plan stratégique de 2018, l’organisme indique que l’un de ses objectifs est d’accroître le nombre de locuteurs et de renforcer la visibilité des langues autochtones du Yukon.

Le document explique que l’une des actions à mettre en œuvre pour protéger les langues est le réseautage afin d’obtenir un appui politique. Il n’est donc pas expressément fait mention d’une présence dans l’espace public comme on peut le voir au Nunavut ,où la présence de l’inuktitut dans les lieux publics est protégée par la loi.

Auteur

  • Nelly Guidici

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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