Devant moi, le ciel est bas, oscillant entre l’indigo et l’anthracite. Le vent y laisse des stries de lumière parmi ses nuages amassés. De chaque côté de la route, la mer fronce sa surface et fait mousser le blanc de son écume. Dans les anses, les bateaux de pêche ancrés roulent légèrement d’un bord à l’autre. Les dunes de sable ondulent un peu plus loin, adoucissant le relief accidenté des falaises rouges qui vont plonger dans les eaux du Golfe Saint Laurent.
Ma voiture roule, enfilant les îles comme des coquillages sur un collier. Une échappée dans une toile de Turner. Un abandon dans les pastels d’une aquarelle dont les dominantes sont douceur et rêverie. Voilà en tout cas ce que j’éprouve à mon arrivée aux Îles de la Madeleine.
Ce chapelet d’une douzaine de promontoires salins qui s’érodent à une vitesse stupéfiante a eu vite fait de conquérir mon coeur en ce mois de juin. Nommé par les Micmacs «îles balayées par les vagues», l’archipel, découvert par Jacques Cartier en 1534 et terre d’accueil des acadiens depuis 1755, ne cesse de fasciner par ses légendes, ses naufrages, sa culture et son histoire. Ses paysages. Pour moi, il est une invitation au voyage. À la quiétude.
Mon premier arrêt, l’atelier-résidence de la Grande École sur l’île de Havre-aux-Maisons me permet d’apprécier la retraire idéale pour tout écrivain et artiste animé par l’envie de créer. Au premier étage d’un bâtiment patrimonial centenaire qui abrite l’atelier de la Verrerie de la Méduse, ce spacieux studio avec vue sur la mer à 180 degrés est l’écrin idéal pour l’écriture d’un nouveau livre. L’artiste a tout le confort et la latitude pour créer et découvrir en même temps, s’il le souhaite, l’art de la soufflerie de verre.
La tentation d’aborder les Îles de la Madeleine par son relief est forte, c’est pourquoi, sortir en kayak de mer et partir à la découverte de grottes et de théâtres naturels, sculptés dans la roche est presque incontournable. Une excellente façon, ai-je trouvé, de saisir la fragilité de ces îlots que la mer et le vent érodent méthodiquement modifiant la géographie à vitesse accélérée. Cette sortie en mer, ainsi que des randonnées au bord des falaises pour pouvoir admirer les superbes couchers de soleil derrière un phare ou sur la lande combleront plus d’un amateur de plein air.