Les gens de Provence de Toni Harting à l’Alliance française

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Publié 03/06/2008 par Guillaume Garcia

Hollandais, né en Indonésie quand celle-ci était encore une colonie hollandaise, Toni Harting passe, alors qu’il est étudiant, tous ses étés en Provence. Il déménagera au Canada dans les années soixante-dix.

Bougeotte avez-vous dit? Toni Harting croque simplement la vie à pleines dents et la photographie jusqu’à plus soif. De ses passages dans le Sud de la France, ce vieux bonhomme garde une collection gigantesque de photos qui sont une source inépuisable de souvenirs et de témoignages d’une époque révolue. Cinquante d’entre elles seront exposées à l’Alliance française du 5 juin au 31 juillet.

Toni Harting est tombé amoureux de la Provence en 1951. Il est alors un jeune étudiant en aéronautique dans une université hollandaise lorsqu’il décide de partir seul, sur son scooter, à la découverte de la France. Arrivé à Paris, il rencontre un compatriote. Tous deux décident de partir vers le Sud, pour Cannes exactement.

«Un Français m’a dit d’aller à Cannes parce que ce serait marrant!» Ils se mettent à chanter dans la rue, en près de 15 langues différentes.

Le relatif succès de leur duo leur permet de se promener de villes en villes, ils roulent leur bosse dans tous les coins du Sud-Est de la France, de la Côte d’Azur à la Camargue en passant par Nîmes, Arles et bien d’autres coins qu’ils prennent plaisir à visiter. Ils reviendront ainsi chaque été jusque dans les années soixante.

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Amateur de photographie, Toni Harting fixe sur pellicule des milliers de scènes de vie dont il est témoin: «J’ai pu observer tous ces gens qui vivaient leur vie dans la rue, dans les bistros, à la plage, à la corrida ou en pleine partie de pétanque.»

Ces images en noir et blanc racontent la vie des Provençaux dans les années cinquante et représentent une certaine histoire, révolue, mais qui se retrouve par certains côtés dans la vie des villages plus éloignés de la côte d’azur. Les scènes de vie que Toni Harting a photographiées pourraient pourtant avoir lieu aujourd’hui dans le Sud de la France.

Les vieux tapant la pétanque, les amoureux s’enlaçant à l’ombre des platanes, les corridas et les minots cavalant dans les rues, tout cela existe encore bel et bien. Cette collection de photographies offre un témoignage sans prix si l’on veut se replonger dans des souvenirs d’enfance.

«Le Canada, j’ai dit banco»

Employé en Hollande par une groupe aéronautique, Toni Harting rêve de nouveaux voyages. Il quitte son travail, tire un trait sur une carrière prometteuse et s’envole pour le Canada. «J’aurais aimé aller aux États-Unis mais les papiers auraient pris six mois, le Canada c’était que deux mois, j’ai dit banco», explique en riant le vieux bonhomme.

Ses photos le suivent dans son déménagement. Ingénieur reconnu dans le domaine aéronautique, Toni Harting repasse un diplôme à l’Université de Toronto. Il travaille quelques temps dans une entreprise aéronautique avant de tout lâcher pour commencer une carrière d’écrivain photographe dans le canoë. Selon lui, il serait «le plus reconnu dans ce domaine au Canada et peut-être même mondialement.»

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Ce n’est pas une vie qu’a vécue Toni Harting c’est un roman. Un roman plein de rebondissements, d’intrigues mais surtout de réussites. Toni Harting a eu plusieurs vies, il a tiré le meilleur de chacune.

«Je voulais juste faire de belles photos»

Toni Harting n’a fait qu’une exposition durant toute sa vie. C’était l’an passé et il avait 80 ans. «Je suis amateur de photos, je faisais les photos pour mon plaisir. Je m’étais fabriqué ma petite chambre noire et je tirais moi même mes photos.» Toni Harting n’aurait jamais pensé à exposer ses clichés, «c’est un ami qui m’a clairement dit que j’étais un vieil homme et qu’il fallait que je fasse quelque chose de toutes ces photographies».

Vieil homme peut être mais pas grabataire! Toni Harting, homme aux cheveux gris et à la silhouette bien portante, ne compte pas rester sans rien faire jusque la fin de sa vie: «J’ai plein de projets. Déjà j’ai cette exposition pendant deux mois, et après j’aimerais trouver un éditeur pour faire un livre avec les photos de la Provence, mais beaucoup plus de photos qu’à l’expo et rajouter du texte puisque j’ai gardé tous mes carnets de voyages de cette époque. Ensuite, j’ai un projet avec les photographies de mon père en Indonésie.»

Rien que cela! Et bien non, le vieil homme reprend son souffle et continue: «mais mon plus grand projet est l’écriture d’une nouvelle basée sur mon expérience des camps de concentration japonais pendant la Seconde Guerre mondiale».

Ne pouvant s’empêcher de rire aux éclats et de montrer tout un tas de choses qui le passionnent, Toni Harting n’est pas prêt de donner sa dernière représentation, il a encore trop de choses à dire et trop d’énergie. En fait de vieil homme, Toni Harting est un chat. Espérons qui lui reste encore une vie pour vivre son rêve, avoir «une petite maison en France, dans les terres de Provence».

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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