Les enseignants franco-ontariens en faveur à 93% d’un mandat de grève

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Manifestation d'enseignants franco-ontariens en novembre 2023. Photo: page Facebook de l'AEFO
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Publié 29/01/2024 par Émilie Gougeon-Pelletier

Un débrayage pourrait pointer à l’horizon en éducation en Ontario: sans contrat de travail depuis bientôt 18 mois, les enseignants franco-ontariens viennent de voter à 93% en faveur d’un mandat de grève.

Les membres du personnel enseignant régulier et suppléant de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) se sont prononcés de mercredi à vendredi derniers pour cette stratégie en cas d’impasse dans les négociations qui se poursuivent avec le gouvernement Ford et le Conseil des associations d’employeurs (CAE), qui représente les conseils scolaires publics et catholiques.

Ce vote était nécessaire pour envoyer un signal clair, selon le syndicat, qu’il n’est pas question d’accepter plusieurs propositions actuelles sur la table car elles «cherchent à alourdir la tâche des enseignants et auraient un impact désastreux en salle de classe».

«Ce vote retentissant en faveur du oui, démontre hors de tout doute que les enseignantes et enseignants franco-ontariens ont l’intention de repousser les offensives du gouvernement et du CAE, plaide la présidente Anne Vinet-Roy. Nous jugeons inacceptable leurs propositions qui limitent les appuis en salle de classe et qui amplifieront la pénurie criante de personnel enseignant.»

Anne Vinet-Roy, AEFO, enseignants
Anne Vinet-Roy.

Plusieurs enjeux au menu

La principale intéressée affirme qu’au-delà de la question salariale – le gouvernement offre 1,25% par an tandis que le syndicat souhaite un taux représentatif du taux d’inflation –, plusieurs enjeux font l’objet de discussions où l’unanimité n’est pas au rendez-vous.

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Du nombre, il y a l’octroi de ressources pour le dépistage précoce chez les tout-petits ainsi que la mise en place de moyens et ressources ciblées pour prévenir la violence dans les établissements scolaires, un phénomène malheureusement en hausse, prévient-elle.

«On sait que nos collègues de l’ETFO (enseignants anglophones de l’élémentaire) ont réussi à négocier un certain nombre de paramètres par rapport à ça et nous, pour une raison qu’on ignore, ils ne veulent pas nous accorder la même chose. On va revenir à la charge», lance-t-elle.

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Promotion de la campagne du oui à un mandat de grève à l’AEFO.

Charge de travail

La composition de la classe et le nombre d’élèves par groupe est aussi au coeur des pourparlers.

«Il y a beaucoup de discussions sur le nombre d’élèves (par classe). Si on ne le réduit pas et qu’on ne regarde pas comment les classes sont composées, il y a des limites à ce qu’on peut humainement faire pour répondre aux besoins individuels des élèves», martèle Mme Vinet-Roy.

L’AEFO souligne aussi que la question de la formation continue chez le personnel enseignant amène plusieurs interrogations car les conseils scolaires, précise-t-elle, souhaitent ajouter à la charge de travail des membres en utilisant le prétexte de la pénurie de main-d’oeuvre.

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«On veut par exemple aller dans la direction de potentiellement obliger les enseignants à suivre de la formation la fin de semaine sous prétexte qu’il n’y a personne pour les remplacer durant la semaine», dit-elle.

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L’affiche du nouveau programme de bourses de formation pour les enseignants intérimaires.

La survie du réseau en jeu?

La dernière grève des enseignants franco-ontariens remonte à l’hiver 2020, quelques semaines avant que la pandémie de covid ne vienne chambouler le calendrier scolaire et forcer la fermeture des écoles pendant des mois.

Selon l’AEFO, c’est la survie du réseau d’éducation de langue française et la qualité des apprentissages offerts aux quelque 110 000 écoliers du système ontarien dans la langue de Molière qui serait en jeu advenant que certaines demandes de la partie patronale soient acceptées.

La convention collective des 12 000 membres, qui oeuvrent notamment dans les trois conseils scolaires francophones présents sur le territoire d’Ottawa et de l’Est ontarien, est échue depuis le 31 août 2022.

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Manifestation d’enseignants franco-ontariens en novembre 2023. Photo: page Facebook de l’AEFO

Une grève, mais pas «à tout prix»

Le syndicat, qui indique que son but n’est pas d’amorcer une grève «à tout prix», aura donc dans sa manche la carte du déclenchement d’une grève au moment jugé opportun advenant que les pourparlers achoppent.

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Précisant que la dernière série de rencontres au calendrier s’est déroulée dans un bon climat au début janvier, Anne Vinet-Roy soutient que l’AEFO a bien l’intention de poursuivre de bonne foi le processus de négociations car l’objectif ultime est de signer une entente juste et équitable en évitant d’avoir recours à ce moyen de pression ultime.

«On a continué à travailler de notre côté. Selon le niveau de productivité (des prochaines rondes de négociations), c’est là qu’on va voir si on va dans la bonne direction ou si on a de petits défis, si on arrive dans une impasse. En même temps, on a maintenant des leviers à notre disposition

Les discussions ne sont pas rompues pour autant puisqu’à moins d’avis contraire, des rencontres de négociation sont prévues du 31 janvier au 2 février en présence d’un conciliateur nommé par la Commission des relations de travail de l’Ontario (CRTO).

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Stephen Lecce.

«Décevant», dit le ministre Lecce

«Il est décevant que l’AEFO ait rejeté toutes les occasions de signer un accord offrant une stabilité aux étudiants et à leurs familles, notamment en soumettant les questions en suspens à un arbitrage», a réagi le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce.

Il souligne que son gouvernement a déjà signé des accords «avec les plus grands syndicats d’enseignants de la province qui fourniront un environnement d’apprentissage stable à plus de 1,3 million d’élèves».

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Stephen Lecce demande à l’AEFO de «mettre fin au retard et à signer un accord équitable qui assure la paix et la stabilité pour les étudiants de langue française».

Certains syndicats d’enseignement du primaire et du secondaire en Ontario ont conclu des ententes avec la province, au cours des derniers mois, ou sont en cours d’arbitrage.

Or, tout comme les membres de l’AEFO, les enseignants catholiques anglophones de l’Ontario (OECTA) restent sans accord et ont également demandé la conciliation, après que les membres ont voté à 97% en faveur d’une grève.

avec Daniel LeBlanc, Le Droit

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