Il a une tête de dromadaire, des oreilles de cochon, des griffes d’aigle, des ailes de chauve-souris, des cornes de taureau, des moustaches de lynx et une queue de serpent. Il effraie, mais protège aussi, il incarne et le mal et le pouvoir. Il est le dragon, créature située entre la science et la fiction.
Le Musée de la Civilisation, à Québec, lui consacre une exposition savante et savoureuse, multimédias et multidirectionnelle. Intitulée Les dragons, entre science et fiction, cette exposition s’abreuve à la fois à des légendes de diverses civilisations et à des données zoologiques très précises.
À titre d’exemple, un des premiers tableaux que le visiteur peut admirer est une œuvre du sulpicien québécois Arthur Guindon qui illustre le dragon ou serpent foudroyé dans les eaux du Niagara, selon une légende iroquoise. Au niveau scientifique, l’exposition fait état, entre autres, du dragon ou varan de Komodo, découvert en 1912 en Indonésie; ce reptile serait un proche parent des dinosaures.
D’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre, l’être humain a attribué au dragon six missions qui sont clairement définies dans l’exposition. Premièrement, le dragon crée le monde. Les premiers récits de la création du monde mettent en scène serpents géants et dragons, synonymes de chaos, d’où émerge une nature domptée et des dieux tout-puissants.
Deuxièmement, le dragon consacre le héros. L’humain et le demi-dieu rencontrent parfois, sur leur chemin, un dragon menaçant qui sème la terreur. Au cœur de ce thème figure la légende de saint Georges et sa victoire sur le dragon, illustrées par divers objets d’art religieux.