Et les enfants dans tout cela?

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Publié 18/11/2008 par Darnace Torou

Les murs des couloirs des Nations Unies étaient tapissés de photos d’enfants. On pouvait lire, en guise de commentaires, «eux aussi étaient des enfants».

Eux, c’étaient les dirigeants mondiaux venus adopter, en ce mois de novembre 1989, la Convention relative aux droits de l’enfant. Un événement qui a rassemblé les plus hauts dignitaires de la planète. Le Sommet du 20 novembre 1989 a été coprésidé par MM. Brian Mulroney (Canada) et Moussa Traoré (Mali).

Pour la petite ironie de l’histoire, ce dernier sera renversé par ses frères d’armes à la suite de la répression sanglante qu’il avait ordonnée contre la marche des étudiants du 22 mars 1991.
 
En 1990, les chefs d’États ont renouvelé leur engagement en faveur des enfants en leur consacrant un Sommet mondial par lequel ils affirmaient accorder un rang de priorité élevé aux droits de l’enfant. Cette Convention, il faut le noter, est l’instrument relatif aux droits de l’homme le plus largement et rapidement ratifié de l’histoire par les Etats, à l’exception  des Etats-Unis et de la Somalie. Quel est l’état des lieux, dix-neuf ans plus tard?
 
Dans les faits, des progrès incontestables ont été réalisés. Force est cependant de constater que  les fruits n’ont pas été à la hauteur des fleurs. En effet, les droits de l’enfant sont quotidiennement violés, partout dans le monde. Un aspect des plus décriés est le travail des enfants, définie par l’Organisation Internationale du travail comme «la participation de personnes mineures à des activités à finalité économique et s’apparentant plus ou moins fortement à l’exercice d’une profession par un adulte».
 
Ils seraient 340 millions à être exploités dans le monde. Des millions d’enfants travaillent comme domestiques et employés de maison; certains sont contraints de se prostituer et de participer à la production de cassettes et de films pornographiques, d’autres sont utilisés comme coursiers et vendeurs de drogues. Les pays développés ne sont pas exempts puisque selon l’UNICEF, quelque 2,5 millions d’enfants travailleraient illégalement.
 
Les victimes de ce «vol de l’enfance» sont également les enfants-soldats dont le nombre s’élèverait à quelque 400 000 dans le monde selon Amnistie Internationale.
 
De nombreux États tentent de s’absoudre de cette criminelle exploitation et mauvais traitements des enfants en invoquant le contexte socio-économique difficile ou par les conflits, endémiques dans le monde.

Cependant, comment s’expliquer  que dans les pays les plus riches, la pauvreté puisse continuer à affecter les enfants, en dépit des engagements des dirigeants, dont les discours politiques placent justement et habilement l’enfant au centre des préoccupations? Les États partis à la Convention sont en effet  tenus de concevoir et de mettre en oeuvre des mesures et des politiques orientées vers l’intérêt supérieur des enfants.
 
Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir le dernier rapport de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) rendu public le 21 octobre dernier. On y relève par exemple qu’au Canada, «quinze pour cent d’enfants  vivent dans la pauvreté» et que «la pauvreté a progressé chez les jeunes adultes et dans les familles avec enfants».

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Cette situation, similaire à celle de quelques autres pays développés, résulterait du fait que  «la croissance économique au cours des 20 dernières années a davantage bénéficié aux riches qu’aux pauvres».

En outre, le rapport souligne que «les enfants vivant dans des pays où l’écart entre riches et pauvres est important ont moins de chances d’atteindre des niveaux d’instruction et de revenu supérieurs à ceux de leurs parents». Une situation qui nous interpelle tous car il laisse augurer un avenir inquiétant, que l’on peut encore rectifier!

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