Les documentaires français à la (dure) conquête du marché américain

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 22/04/2008 par Aline Noguès

Tandis que le public torontois voit dans chaque édition du festival Hot Docs l’occasion de se divertir et de se cultiver, les professionnels du cinéma documentaire en profitent pour mettre de l’avant leur production et chercher de nouveaux marchés. Et ce n’est pas une mince affaire!

Pour Anaïs Clanet, chef des ventes pour l’entreprise Wide, le festival Hot Docs est une bonne occasion de mettre de l’avant ses films. Elle s’occupe notamment de la diffusion des documentaires Victoire Terminus de Renaud Barret et Florent de la Tullaye, et de Elle s’appelle Sabine, de Sandrine Bonnaire.

«Le festival Hot Docs donne une visibilité énorme à nos documentaires. C’est une porte d’entrée sur l’Amérique du Nord.»

Mais rien n’est joué d’avance. Apparaître dans un festival, c’est bien, mais il faut ensuite convaincre exploitants de salles et directeurs des programmes de diverses chaînes de télévision.

Or les contraintes sont nombreuses: «Les télévisions sont de plus en plus formatées. Le choix des sujets abordés, la longueur des films… ce sont autant de paramètres qui nous brident… mais que j’essaie de négocier avec les chaînes! Certains sujets sont aujourd’hui à la mode, comme le bio, l’environnement, il est plus difficile de convaincre un diffuseur de l’intérêt d’un film sur l’Afrique!»

Publicité

À ce sujet, Renaud Barret semble moins inquiet. Selon lui, l’Amérique du Nord ayant une relation beaucoup moins ambiguë que la France avec l’Afrique, de tels films peuvent trouver preneurs et intéresser notamment des membres de la diaspora.

Comme le précise Anaïs Clanet, le documentaire français a tout de même une certaine cote dans le monde du documentaire, mais cela ne rend pas son travail plus facile: «Pour convaincre des diffuseurs, il vaut mieux que le réalisateur soit déjà connu, que le film ait tourné dans quelques festivals ou soit vraiment très fort. Mais même ainsi, il est difficile de trouver des diffuseurs qui acceptent des documentaires longs-métrages.»

Sans compter que les goûts du public peuvent être très différents d’un pays à l’autre. Comme l’explique la responsable des ventes de Wide, le public américain recherche davantage des films narratifs, explicatifs, qui donnent clairement les clés nécessaires à leur compréhension.

«Un film comme Elle s’appelle Sabine peut dérouter le public américain. Que devient Sabine à la fin du film? Pourquoi n’est-elle sortie de l’hôpital qu’au bout de cinq ans? Les diffuseurs me disent que le public américain a besoin de réponses. Mais le cinéma documentaire français fonctionne plus “en roue libre”…»

Parfois, les réalisateurs doivent retoucher leur film, faire quelques ajouts ou retrancher des séquences, pour mieux coller aux demandes des diffuseurs… Ce n’est pas toujours facile à accepter pour le réalisateur mais, comme le souligne Anaïs Clanet, c’est cela ou laisser le film prendre la poussière sur des étagères!

Publicité

Renaud Barret s’est lui aussi déplacé à Toronto, pour faire la promotion de son film, Victoire Terminus. Les revenus engrangés par ce film serviront à acheter un vrai ring pour le club de boxe des femmes dont il raconte l’histoire.

L’argent récolté permettra également de développer d’autres projets, de musique et de cinéma. Deux nouveaux films sont en cours d’élaboration, tous deux prenant Kinshasa pour décor.

Mais au-delà de la vente de ses films, Renaud Barret se réjouit déjà: il revient tout juste de Kinshasa où il a présenté Victoire Terminus aux personnages du film. Verdict? Un film jugé «honnête». La plus belle récompense qui soit pour un réalisateur de film documentaire…

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur