Les «disparus»: une crise permanente au Mexique

Morts ou esclaves des narco-trafiquants?

Guadalupe Aguilar, mère de José Luis.
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Publié 29/11/2016 par Bianka Giuristante

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.
Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat entre La Cité et L’Express.

 Bianka Giuristante est étudiante en journalisme à Toronto au collège d’arts appliqués La Cité.


Depuis 2006, plus de 26 000 personnes ont disparu à cause de la guerre de la drogue au Mexique. Depuis presque dix ans, mères, pères, maris et femmes protestent pour obtenir l’aide de leur gouvernement, qui semble faire la sourde oreille.

«Où sont-ils?», peut-on lire sur les pancartes des familles déchirées. «Les criminels n’ont-ils pas de mères?»

C’est cette crise des droits humains qu’aborde le film d’Alicia Calderon, Portraits of a Search, projeté à Toronto lors du récent festival «Reelawareness» d’Amnistie internationale.

Le fils de Guadalupe Aguilar, José Luis, a disparu un matin alors qu’il allait à un rendez-vous. «Il ne s’est jamais rendu», dit-elle. La mère et son mari ont refait le même chemin que leur fils, dans l’espoir de le retrouver, en vain.

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Ils ont aussi tenté d’obtenir de l’aide des autorités, mais on ne leur a fourni aucune piste à suivre. Ils ne savent pas par où commencer. Les parents de José Luis ont donc décidé qu’ils allaient effectuer leurs propres recherches. Mme Aguilar continue cependant de téléphoner chaque jour, dans l’espoir que le service officiel d’aide aux disparitions lui donne une bonne nouvelle.

«Des familles comme la mienne et la vôtre, qui n’ont aucun lien avec les gangs, la drogue ou les crimes, vivent ce genre d’attaques. C’est rendu normal et ça arrive à tout le monde», a indiqué Tania Hernandez, une étudiante mexicaine à l’Université York, lors du débat qui a suivi la projection du film.

Les victimes sont généralement des jeunes hommes et femmes entre 20 et 35 ans. Les trafiquants de drogue cherchent des étudiants, des travailleurs, des personnes qui n’ont pas de dossier criminel. On les initie par la suite à faire partie de gangs.

C’est le cas de Dalia, la fille de Natividad Guerrero. Fiancée, elle habitait avec sa nouvelle famille qui était très riche. Elle et son futur mari ont été enlevés à leur domicile. Mme Guerrero se réfugiait dans le déni jusqu’à ce que le corps de sa fille soit retrouvé – sans tête. Elle a manifesté jours et nuits et fait la grève de la faim pour se faire entendre par le gouvernement mexicain, se rendant même jusqu’à Washington pour demander l’aide du gouvernement américain.

Désespérée, la femme a été témoin d’une conversation entre des prisonniers, lors d’une visite dans un établissement carcéral à la recherche d’informations. Ces derniers n’avaient aucune idée qu’ils s’adressaient à la mère de leur victime: ils avaient attaché, torturé et battu une jeune femme. Puis ils avaient coupé sa tête et jouaient avec, prétendant l’embrasser. C’est à ce moment que Mme Guerrero a réalisé qu’on parlait de sa fille.

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Les Mexicains vivent une violence inouïe, et personne ne semble vouloir les aider. «Ma fille ne reposera pas en paix tant que justice ne sera pas faite», dit Mme Guerrero.

Les familles des victimes continuent de se rassembler et de se protester. Ces familles deviennent des «spécialistes des droits humains, grâce à leur courage et détermination», selonTania Hernandez.

Manifestation de Mexicains et d'Américains en face de la Maison-Blanche à Washington, contre la «guerre à la drogue».
Manifestation de Mexicains et d’Américains en face de la Maison-Blanche à Washington, contre la «guerre à la drogue».

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