Il y a cinquante ans, Micheline Tremblay entrait à l’école primaire. Aujourd’hui professeure à l’Université Laurentienne de Sudbury, elle signe un récit qui raconte l’histoire de Jocelyne, fille du concierge d’une école à Montréal, dans les années 1950. Jocelyne rime avec Micheline. Est-ce un récit autobiographique? Il est permis de le croire. Quoi qu’il en soit, son récit intitulé La Fille du concierge est suavement intimiste et finement ciselé.
Les années 1950: une école de filles dirigée par les religieuses, les «petits Chinois» achetés grâce à la Sainte-Enfance, la confession mensuelle, les croisés, les interdictions, les tabous, les secrets… L’auteure réussit à décrire avec brio toute l’atmosphère qui règne dans une école catholique à l’aube de la Révolution tranquille.
La narratrice est Jocelyne, qui habite un modeste logement de fonction au rez-de-chaussée de l’école Sainte-Véronique, où son père est concierge. Cela comporte, bien sûr, des avantages, mais aussi un lot d’inconvénients…
Le premier jour, au premier son de la cloche, Jocelyne apprend qu’il faut cesser toute activité. Le second coup indique que les filles doivent former des rangs parfaitement rectilignes, en silence bien entendu, et monter vers leurs classes respectives. Fille du concierge, Jocelyne sait qu’aucune incartade ne lui est permise, qu’elle doit même réprimer le moindre mouvement de dissipation. «J’étais souvent coincée entre mon désir de solidarité et mon devoir de dénonciation.»
Chaque jour, même deux fois par jour, les fillettes doivent réciter le chapelet, agenouillées sur le plancher, immobiles, les yeux fermés. Un jour, Jocelyne profite du fait que son institutrice regarde vers le crucifix pour se déhancher un peu. Elle est prise en flagrant délit. «Était-ce un outrage au Christ ou une injure à la Vierge?» Elle ne l’a jamais su.