L’épuisement du personnel de la santé ontarien à nouveau dénoncé

santé, hôpitaux
Le chercheur en santé environnementale à l’Université de Windsor et coauteur du rapport, le Dr James Brophy, et le président du SCFP, Michael Hurley. Photo: Émilie Gougeon-Pelletier, Le Droit
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 15/08/2024 par Émilie Gougeon-Pelletier

Le moral est à plat dans les hôpitaux de l’Ontario, et il n’est pas en voie de s’améliorer, selon une nouvelle étude portant sur le bien-être des travailleurs de la santé, publiée cette semaine.

«Un système d’austérité» en santé met en danger le bien-être des travailleurs hospitaliers et des patients, selon l’étude dévoilée par le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO) et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).

«En voyant le système tel qu’il est, j’ai peur de tomber malade moi-même. Est-ce que je veux vraiment venir dans mon propre établissement? L’extérieur semble bien, mais à l’intérieur… tout s’effondre», a témoigné l’un des travailleurs hospitaliers ayant participé à l’étude.

L’étude est fondée sur 26 entrevues approfondies avec des travailleurs des hôpitaux de l’Ontario membres du SCFP et sur un sondage mené auprès de 775 de leurs collègues.

Les chercheurs affirment avoir dissimulé l’identité des professionnels de santé qui ont participé à l’étude, «étant donné qu’il existe un historique de représailles de la part des employeurs contre les travailleurs de la santé en Ontario qui se sont exprimés publiquement».

Publicité
La couverture du rapport du syndicat des travailleurs de la santé.
L’illustration du rapport du syndicat des travailleurs des hôpitaux de l’Ontario.

Tableau inquiétant

«Nos entrevues avec le personnel hospitalier de partout en Ontario ont révélé un tableau inquiétant de leurs conditions de travail, de leur niveau de détresse et de leurs frustrations face aux soins qu’ils tentent de prodiguer», a affirmé chercheur en santé environnementale à l’Université de Windsor et coauteur du rapport, le Dr James Brophy.

«Nous avons constaté que le personnel est confronté à une anxiété et à une frustration croissantes», a-t-il ajouté.

«Nous avons à peine le temps de faire des pauses ou d’aller aux toilettes. Je ne pense pas que les patients reçoivent les soins dont ils ont besoin», a déclaré une infirmière.

D’autres travailleurs hospitaliers ont soutenu qu’il fut une époque où ils étaient enthousiastes à l’idée d’aller travailler, mais que ce n’était plus le cas.

«On pense que ça ne peut pas empirer, et ça ne fait qu’empirer, a indiqué une infirmière. J’avais des crises de panique de plus en plus fréquentes avant d’aller au travail, je pleurais avant de monter dans la voiture.»

Publicité

L’étude explique que l’Ontario compte 18% de personnel hospitalier en moins que le reste du Canada et suggère que les conditions de travail se sont détériorées depuis 2020.

santé, hôpital, médecin, infirmière, urgence
Urgence! Photo: rapport Votre santé du gouvernement de l’Ontario

Périodes difficiles

Les chercheurs ont recueilli leurs informations à l’automne 2023, après un été parsemé de fermetures de salles d’urgence et un nombre record d’interruptions de services à travers la province, selon le président du SCFP, Michael Hurley.

L’étude mentionne que le sous-financement, la pénurie de personnel et la privatisation du système de santé sont des phénomènes qui ont tous une incidence sur la pression exercée sur le personnel hospitalier.

L’Ontario projette qu’elle aura besoin de plus de 20 000 nouvelles infirmières et de quelque 50 000 préposés aux bénéficiaires additionnels d’ici 2027 en raison du nombre croissant de patients.

Selon les chercheurs, la province doit se tourner vers des stratégies comme celle que la Colombie-Britannique a l’intention d’adopter, soit un ratio infirmière-patients.

Publicité
santé, hôpital, médecin, infirmière
Des travailleurs parfois débordés. Photo: rapport Votre santé du gouvernement de l’Ontario

Promesse de collaboration

«C’est très important de noter que la pandémie et ses impacts, particulièrement sur nos travailleurs de la santé, sont réels et doivent être éliminés», a souligné la ministre de la Santé, Sylvia Jones, lorsque questionnée à propos de l’étude publiée lundi.

Elle a assuré que son gouvernement collabore étroitement avec ses partenaires hospitaliers.

«Je sais personnellement qu’un certain nombre d’organisations hospitalières ont recentré leurs efforts pour s’assurer que leur personnel, les membres de leur équipe et leurs cliniciens continuent de pouvoir affronter cet environnement qui évolue rapidement dans notre système de santé, et qu’ils bénéficient du soutien dont ils ont besoin», a-t-elle lancé.

Un peu plus de 60% des travailleurs hospitaliers interrogés pour un rapport publié en janvier par Nanos ont déclaré qu’ils étaient aux prises avec l’épuisement et des niveaux de stress élevés. Ce sondage avait aussi révélé que 41% des répondants redoutent de devoir aller travailler, et 41% ont déclaré avoir du mal à dormir.

Auteurs

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur