L’eau de Flint, Michigan: des accusations d’homicide

Le directeur de la santé publique du Michigan et quatre de ses officiers viennent d’être accusés.
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Publié 26/06/2017 par Isabelle Burgun

Le scandale de l’eau potable de la petite municipalité de Flint dans l’état du Michigan, aux États-Unis, n’en finit plus de révéler de nouveaux responsables. Trois ans après les évènements, les «vrais» coupables de cette crise sanitaire sont à présent devant les tribunaux.

Nick Lyon, le directeur du département de la santé publique du Michigan et quatre de ses officiers viennent d’être accusés d’homicide involontaire sur la personne d’un résident de 85 ans, Robert Skidmore, décédé après avoir contracté la légionellose, une infection pulmonaire, à la suite de la consommation d’eau.

Localisée à une centaine de kilomètres au nord-ouest de la ville de Détroit, la petite municipalité de 100 000 habitants avait vu son eau potable être contaminée en 2014 par la bactérie Legionella et au plomb à la suite de nouvelles directives d’approvisionnement.

Cette crise sanitaire avait engendré une centaine de cas de légionellose, dont 12 décès en 2014-2015, et exposé des milliers de personnes, dont de jeunes enfants, à de graves risques pour leur santé.

Couleur rouille

Rapidement, les habitants de Flint s’étaient toutefois plaints auprès des dirigeants de la municipalité de la qualité de leur eau, qui avait pris une couleur rouille et les rendait malades. Mais il avait fallu attendre 2 ans avant que les élus de Flint ne prennent finalement des mesures pour redresser la situation.

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Cette crise sanitaire avait été jugée si dramatique à l’époque que l’ancien président américain Barack Obama avait décrété l’état d’urgence dans la municipalité.

Cinq hauts responsables sont aujourd’hui directement pointés du doigt et accusés d’avoir failli à alerter la population lors de l’épidémie de légionellose qui a frappé la municipalité. Si Nick Lyon, un membre de l’équipe républicaine du gouverneur du Michigan, Rick Snyder, est reconnu coupable, il encourt une peine de 15 ans de prison.

Nick Lyon est également accusé d’avoir tenté de faire obstruction au travail des scientifiques qui avaient tenté de savoir si l’augmentation du nombre de cas de légionellose était liée au nouvel approvisionnement en eau potable.

Une usine débordée

Jusqu’en avril 2014, la petite municipalité de Flint s’approvisionnait en eau potable à partir du Lac Huron, via la ville de Détroit. Par souci d’économie, il avait cependant été décidé à cette date qu’elle puiserait dorénavant son eau potable dans la petite rivière locale.

L’usine de traitement des eaux de la municipalité avait été rapidement débordée par l’ampleur de l’opération, favorisant la contamination de l’eau par la bactérie de type Legionella.

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Du chlore avait été ajouté à l’eau potable pour lutter contre cette contamination. Les conduites de distribution de la municipalité se sont toutefois corrodées en présence de l’eau rendue plus acide par l’ajout de chlore provoquant ainsi une cascade chimique qui libéra à son tour du plomb directement dans l’eau potable circulant jusqu’aux robinets des résidents.

Au courant depuis des mois

Une analyse des évènements – une fois l’état d’urgence déclaré – a démontré que le département de la santé avait manqué à ses obligations alors que les hauts responsables étaient au courant depuis des mois de la situation.

Sans compter les mauvaises décisions, prises par mesure d’économie, par l’administration. Par exemple, aucun produit n’avait été ajouté de manière préventive pour éviter la corrosion du réseau de distribution d’eau potable. Ces inactions ont aggravé cette crise sanitaire qui a particulièrement frappé les citoyens les plus défavorisés de la municipalité et engendré de nombreux décès.

Depuis, ce drame sanitaire et humain s’est déplacé dans les tribunaux où les accusations n’arrêtent pas de pleuvoir sur des coupables toujours plus nombreux. Les deux compagnies d’inspection chargées de contrôler la qualité de l’eau avaient été poursuivies l’an dernier pour «déclarations frauduleuses» par l’état du Michigan.

 

Auteur

  • Isabelle Burgun

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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