Lea Tsemel : l’avocate israélienne des Palestiniens

Le 5 mai aux Hot Docs

Lea Tsemel, avocate juive-israélienne plaide depuis des années pour les Palestiniens.
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Publié 01/05/2019 par Léa Giandomenico

Lea Tsemel représente un exemple de persévérance et d’optimisme. Dans le documentaire Advocate, Rachel Leah Jones et Philippe Bellaïche dressent son portrait d’avocate juive-israélienne qui défend, depuis des dizaines d’années, des Palestiniens.

Une projection aura lieu dimanche 5 mai en avant-première au Isabel Bader Theater à 18h15 dans le cadre du festival Hot Docs Film. Le film sortira cet été sur les grands écrans canadiens.

Lea Tsemel, avocate humaniste

Précurseure dans le milieu

Philippe Bellaïche, co-réalisateur du documentaire, né en France, qui a travaillé pendant de nombreuses années en tant que chef opérateur, réalise son premier film avec Advocate. Il travaille exclusivement sur des documentaires depuis une dizaine d’années, et principalement en Israël.

Rachel Leah Jones et Philippe Bellaïche, réalisateurs du documentaire Advocate

Qualifiée d’«avocate du diable» par les Israéliens dès son premier procès, ou encore d’«ennemie interne», elle est surtout considérée comme «l’avocate des droits de l’homme».

En effet, Lea Tsemel, 74 ans, plaide avec une énergie intarissable pour les Palestiniens accusés de «terroristes» par la justice israélienne pour avoir commis des actes violents.

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« Lea essaie d’apporter un peu plus de justice autour d’elle»

 

Philippe Bellaïche raconte comment Lea Tsemel, quand elle a commencé sa carrière d’avocate dans les années 1970, a utilisé le droit pour réduire les abus de l’occupation israélienne. Aujourd’hui encore, elle sait pertinemment que le système dans lequel elle travaille est biaisé.

«Comment l’occupant israélien peut-il juger l’occupé (palestinien) et réussir à le juger justement? Comment juger la personne qui, a priori, est perçue comme l’ennemi?», s’interroge le cinéaste.

Philippe Bellaïche, co-réalisateur du film.

«Si nous n’avions pas l’espoir, nous n’aurions plus rien»

 

Durant 1h50, la caméra suit Lea dans son quotidien d’avocate: dans son bureau où elle reçoit les familles des Palestiniens dont elle s’occupe, la plupart du temps placés en détention, et à la cour, où elle plaide avec hargne pour ses clients.

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Parmi eux, Ahmad, jeune garçon de 13 ans accusé pour une attaque au couteau. Les images difficiles de son interrogatoire musclé plongent le spectateur dans ce quotidien sombre avec lequel Lea doit traiter.

Advocate sortira en salle cet été au Canada.

Philippe Bellaïche décrit Lea comme une femme persévérante et qui ne porte pas le malheur du monde sur ses épaules. «Elle est un exemple pour nous tous, de par son caractère, son optimisme. Elle reste constante dans ses convictions et dans son travail», explique le co-réalisateur du documentaire.

Message de paix

Il ajoute que ce qui la caractérise également, c’est qu’elle n’est absolument pas raciste. «Elle nous montre comment Juifs Israéliens et Palestiniens peuvent vivre ensemble, travailler ensemble et s’entendre. Elle traite les uns et les autres de la même manière.»

«Peut-être que la clé au problème entre ces deux peuples commence ici: un traitement d’égal à égal», complète Philippe Bellaïche.

En effet, Lea Tsemel travaille au quotidien avec des Palestiniens. D’une certaine manière, elle crée un pont entre les cultures.

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Lea Tsemel répondant aux journalistes à la sortie d’un procès.

Hommage au métier d’avocat

Philippe Bellaïche dépeint Lea comme avocate «par essence».

«Un jour, elle nous a dit: Quand je mourrai, je voudrais qu’il y’ait écrit sur ma tombe: Léa Tsemel, avocate. Parce que j’ai été une épouse, une mère, une grand-mère, mais ce que je suis le mieux c’est avocate. Je veux écouter les gens, les entendre, me mettre à leur place, et les défendre», ajoute-t-il.

Le réalisateur ajoute que dans 99% des cas qu’elle traite, Lea Tsemel sait qu’elle va perdre. Toutefois elle se met toujours en tête qu’elle a une chance, même infime, de gagner. C’est ce qui la pousse en avant. C’est une chose de perdre un procès, mais c’en est une autre d’être défait.

«Tout ce qu’elle fait améliore toujours le sort de ses clients. Même si le résultat peut lui paraître injuste, au moins elle sait que son travail est écrit.»

Fiers d’être ses enfants

Des témoignages forts des proches de Lea ponctuent le documentaire. Ses deux enfants rappellent à quel point elle est un exemple de dévouement pour eux. «Il y a tellement peu de femmes qui font ce qu’elle fait avec autant de conviction et de droiture que ma mère. Il faut qu’il y ait une place pour elle dans ce monde», affirme sa fille.

Talila Warschawski, la fille de Lea Tsemel.

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